Agriculture

Blocage de Lidl : les agriculteurs mettent la pression sur le secteur de la distribution

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 Publié le mardi 30 janvier 2024 à 17:41 - Mis à jour le mardi 30 janvier 2024 à 21:35    Marche-en-Famenne

Depuis ce lundi après-midi, les agriculteurs font le siège du centre logistique de l'enseigne Lidl à Marche-en-Famenne, bloquant ainsi les livraisons dans plus de soixante magasins sur les provinces de Luxembourg, Namur, Liège et au Grand-Duché. La pression est mise sur Coméos, la fédération du commerce.


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Inversion des rôles. Cette fois, c’est au tour des agriculteurs de resserrer l’étau sur la grande distribution. A Marche-en-Famenne, le centre logistique des magasins Lidl est paralysé. Dans un sens comme dans l’autre, pas un camion n’est passé.  A la seule exception de ce transporteur autorisé à quitter les lieux,  ce mardi en fin de matinée.

Venus du nord Luxembourg et du namurois, ils sont éleveurs, cultivateurs, ouvriers et entrepreneurs agricoles, soutenus même par  l’un ou l’autre indépendants du bâtiment, en tout 250, à se relayer, prêt à faire le siège jour et nuit, pour faire entendre leur désarroi. "Le prix du matériel, des pièces détachées, ça devient une catastrophe", témoigne Alain Merenne, entrepreneur agricole à Hargimont. "Les dates imposées sont absurdes. Récemment, il avait neigé, je me suis renseigné pour voir si je pouvais épandre ou non, on m'a répondu qu'il suffisait que je vérifie si le sol était plus vert que blanc...", se désole Gilles Paquay (Izier) face à l'ineptie de la réponse.

Des livraisons suspendues dans 60 magasins

Depuis le blocage ce lundi en milieu d’après-midi, ce sont quatre tournées que Lidl n’a pas pu assurer, dans pas moins de 60 magasins desservis sur les provinces de Luxembourg, de Namur, de Liège et au grand-duché. On comprend pourquoi, il n’a pas fallu longtemps pour que l’entreprise y envoie son représentant. Les négociations dureront une bonne heure, à l’abri des regards. A la sortie, la confiance n’est pas installée, mais les deux parties conviennent de protéger les denrées périssables. Les camions seront ouverts et contrôlés. Et les viandes venues d’ailleurs devront rester sur place.

"Mis à part les fruits et légumes exotiques, on produit de tout en Belgique, et vu les normes imposées, on les produit de bien meilleure qualité.  Mais avec les accords de libre-échanges, on sert de monnaie d'échange. Là, on dit stop"
Christophe Mullens, agriculteur à Modave

Pour bien comprendre, les agriculteurs avancent ce montant : celui des céréales, vendus il y a neuf mois encore , 320€ la tonne. C’était tout juste avant l’accord entre l’Europe et l’Ukraine. Elle est tombée à 175€ la tonne aujourd'hui . La priorité pour les agriculteurs, ce sont donc les prix. La pression sur Lidl ici, sur Aldi ailleurs, vise l’ensemble du secteur de la distribution. 

"Séparément, les acteurs de la distribution ne veulent pas s'aligner sur nos demandes, sinon, nous disent-ils, ils perdront des parts de marché. Ce que nous voulons alors, c'est que toutes enseignes se mettent d'accord pour augmenter nos marges. La solution est simple, mais il faut avoir le courage de le faire"
Maxime Albanese, agriculteur à Modave 

Et si Coméos, la fédération du commerce ouvre les négociations, encore faudra-t-il voir qui s’y présentera,  pour les agriculteurs indépendants, les coopératives, les fédérations et syndicats agricoles, eux qui depuis le lancement de leurs actions en Belgique, apparaissent, en ordre dispersés. Dispersés, mais déterminés.


Christophe Thiry





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