Economie

Au Luxembourg, les élections sociales confortent les syndicats dans leur position

Au Luxembourg, les élections sociales confortent les syndicats dans leur position
Photo d'illustration - OGBL
 Publié le jeudi 14 mars 2024 à 09:12 - Mis à jour le jeudi 14 mars 2024 à 13:41    GDL

Après l’élection des délégués du personnel, le paysage des syndicats luxembourgeois reste inchangé: l’OGBL conforte sa majorité, le LCGB demeure solide second et l’Aleba le principal syndicat de la finance.


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 Au lendemain de l’élection des délégués du personnel dans les entreprises luxembourgeoises, alors que les résultats sont progressivement publiés, une conclusion se dessine: les rapports de force entre syndicats ne sont pas bouleversés.

Le statu quo par rapport aux élections de 2019 se confirme avec les chiffres, encore provisoires, publiés mercredi soir par l’Inspection du travail et des mines (ITM): l’OGBL reste le syndicat majoritaire dans les entreprises, avec 25,55% des délégués effectifs élus (23,04% en 2019). Le LCGB consolide une solide deuxième place avec 14,45% des délégués effectifs (13,66% en 2019). Quant à l’Aleba, le syndicat traditionnel de la finance, il reste majoritaire dans son secteur historique, et atteint 4,21% au niveau national (3,86% en 2019).

Par ailleurs, si elles étaient prisées par les syndicats en lice, les délégations sans étiquette restent majoritaires à l’issue du scrutin, les délégués neutres représentant 55,64% des délégués effectifs élus. “Une fois de plus, les délégations neutres sont les grandes gagnantes du scrutin”, commente ainsi le président de l’Aleba, Roberto Mendolia.

L’OGBL estime avoir creusé l’écart

Chaque syndicat revendique son succès, avec plus ou moins de grandiloquence, du “triomphe sans précédent” revendiqué par l’Aleba au résultat “satisfaisant” obtenu par le LCGB en passant par la “grosse victoire” de l’OGBL.

A la lecture des résultats, L’OGBL, allié de la FGTB en Belgique, est somme toute légitime à revendiquer une victoire en s'imposant à nouveau comme le syndicat le plus important dans les entreprises au Luxembourg. “Nous consolidons notre majorité absolue et nous avons su pénétrer de nouveaux secteurs”, se réjouit ainsi la présidente de l’OGBL, Nora Back, qui estime même avoir creusé l’écart avec ses concurrents. “Nous sentons vraiment que les gens se sont décidés pour le syndicat qui s'est battu pour eux et qui a réellement défendu leurs intérêts.”

Le LCGB “satisfait”

“Les résultats confirment et renforcent la position syndicale du LCGB”, assure de son côté le syndicat chrétien, allié de la CSC en Belgique, qui se réjouit d’avoir percé dans certains secteurs, notamment celui du nettoyage, et d’avoir globalement consolidé ses positions. Le LCGB accuse tout de même la perte de plusieurs mandats dans le secteur de la sidérurgie, un résultat qu’il juge “en-deçà de son engagement syndical des cinq dernières années” et qui devra inciter le syndicat à “analyser en détail les résultats afin de pouvoir adapter ses structures et de mieux pouvoir répondre aux besoins et exigences des salariés”.

Photo LCGB

Si l’Aleba revendique une “victoire” dans un communiqué, difficile tout de même d’en identifier la réalité concrète, même si le syndicat reste très clairement le principal syndicat dans son fief historique, la finance, avec 28,18% des délégués dans le secteur, contre 13,79% pour l’OGBL et 9,58% pour le LCGB.

2029 en ligne de mire pour l’Aleba

L’Aleba s’était cependant fixé cette année le défi de s’ouvrir aux autres secteurs. Et s’il obtient des délégués dans chaque secteur où il avait réussi à établir des listes de candidats, le syndicat ne dépasse le 1% de délégués effectifs que dans deux autres secteurs, la communication (5,63%) et les activités comptable et techniques (2,55%), derrière l’OGBL et le LCGB. “C'est un premier pas dans les autres secteurs”, se réjouit tout de même le président de l’Aleba, Roberto Mendolia. “Partout où nous nous sommes présentés, nous avons eu du résultat. C'est timide, mais c'est David contre Goliath et, alors que c'est la première fois que nous nous présentons, c'est un exploit.”


Photo Aleba

L’Aleba avait toutefois conscience de l’ampleur de la tâche et assume, en se lançant en 2024, viser davantage 2029 comme véritable test à l’échelle multisectorielle. “Rome ne s’est pas construite en un jour”, rappelle Roberto Mendolia. “Nous avons posé les fondations et montré à tout le monde que nous avons du résultat.” Il faudra en tout cas attendre 2029 pour connaître un éventuel bouleversement dans le paysage des syndicats au Luxembourg. Reste tout de même à savoir si le deuxième scrutin des élections sociales, l’élection des membres de la Chambre des salariés, dont les résultats ne devraient pas être publiés avant la semaine prochaine, confirmera les mêmes tendances.


Pierre Pailler