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Pouvoir d’achat, télétravail, retraites: les enjeux des élections sociales au Luxembourg

Pouvoir d’achat, télétravail, retraites: les enjeux des élections sociales au Luxembourg
 Publié le mercredi 13 mars 2024 à 09:50 - Mis à jour le mercredi 13 mars 2024 à 10:09    GDL

Les travailleurs grand-ducaux et frontaliers ont voté ce 12 mars pour les élections sociales au Luxembourg. Les résultats complets sont encore attendus mais les défis auxquels devront faire face les syndicats luxembourgeois, eux, sont connus. Pouvoir d’achat, télétravail et réforme des retraites seront aussi au cœur du dialogue social.

 

Les élections sociales ont eu lieu ce mardi au Grand-Duché de Luxembourg, une fois tous les résultats connus, le travail pourra alors débuter pour les syndicats. Pouvoir d’achat, télétravail, réforme des retraites: après les élections sociales au Luxembourg, les représentants des travailleurs auront fort à faire lors des cinq ans de leur mandature. Les défis sont nombreux afin de défendre au mieux les intérêts de salariés mis sous pression par le ralentissement économique, l’inflation ou les problèmes de mobilité et de logement.

 

Les deux principaux syndicats du pays, l’OGBL et le LCGB, citent la sauvegarde du pouvoir d’achat comme tout premier défi. “Actuellement, une grande partie de la population a du mal à finir les fins de mois, du fait de la hausse des prix et des taux d’intérêt ainsi que de la crise du logement”, constate ainsi la présidente de l’OGBL, Nora Back. “Les gens ressentent cette perte de pouvoir d’achat jusque dans les classes moyennes. C’est un de nos plus grands défis en tant que syndicat de veiller à ce que la précarité des gens et les inégalités ne continuent pas d’augmenter.”

 

Le système d’indexation automatique des salaires, qui a suscité des tensions chez les syndicats lorsque le gouvernement luxembourgeois a décidé de reporter certaines tranches après le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie, sera un des principaux outils à défendre. Pas question d’y toucher à nouveau, préviennent Nora Back et le président du LCGB, Patrick Dury.

 

La réforme fiscale en ligne de mire

 

D’autres leviers existent pour augmenter le pouvoir d’achat: le salaire social minimum, les conventions collectives, mais aussi la réforme fiscale, reportée par la précédente majorité, mais que la nouvelle coalition CSV-DP devra mener durant la législature. “Avec une réforme fiscale socialement juste, on peut aussi agir en faveur de plus d’égalité dans la société”, assure Nora Back. Patrick Dury y voit le moyen “d’alléger les petits et les moyens salaires, avec si nécessaire l’ajout de tranches supplémentaires”, en expliquant que, “selon le système actuel, vous êtes au taux maximum à partir d’un salaire de 5.000 ou 6.000 euros. Rallonger cela nous permettrait d’alléger la charge fiscale et de procéder à une redistribution des richesses”.

 

Les retraites se sont quant à elles invitées brutalement dans la campagne des élections sociales, le tout nouveau gouvernement ayant indiqué, quelques semaines après sa prise de fonction, vouloir en réformer le système, provoquant un tir de barrage de l’OGBL et du LCGB. “Cela va vraiment dans le sens contraire de ce qui est dans l’intérêt des retraités et des futurs retraités et de ce que nous, nous préconisons”, constate Nora Back après les premières annonces du gouvernement. “Nous devons discuter de cela, mais il y a un profond désaccord entre les positions”, considère Patrick Dury, qui estime que “ce que le gouvernement veut vendre comme une nouvelle justice entre les générations consiste plutôt à détruire la solidarité entre les générations”.

 

Le télétravail indispensable

 

Le télétravail sera aussi un des grands enjeux du dialogue social de ces prochaines années. Dans un pays déjà saturé par les crises du logement et de la mobilité mais qui veut encore attirer de la main-d’oeuvre pour maintenir sa croissance économique, le télétravail sera en effet un des éléments-clés pour “garantir le bien-être des salariés” et par là même “l’attractivité du pays”, assure le président de l’Aleba, Roberto Mendolia. “Le télétravail fait partie des solutions qu’il faut absolument développer, en évitant notamment les problèmes entre pays frontaliers, comme celui de l’astreinte pour les travailleurs frontaliers belges”, assure-t-il.

 

Le télétravail est d’ailleurs un enjeu double pour les syndicats puisqu’il est facteur de discriminations entre salariés. “Il est tout de même injuste que, au sein d’une même entreprise, on puisse avoir des salariés de classes différentes, entre Luxembourgeois, Allemands, Français, Belges, auxquels des mesures différentes s’appliquent pour chacun d’entre eux”, déplore Nora Back.

 

Signer des conventions collectives

 

De fait, les travailleurs frontaliers - d’Allemagne, de France ou de Belgique - sont actuellement limités à 34 jours de télétravail par an en dehors du pays s’ils veulent rester soumis à l’impôt au Luxembourg. “Les frontaliers sont encore pénalisés fiscalement par rapport aux résidents. Et cela est le cas à de multiples niveaux, comme celui de la sécurité sociale”, constate Nora Back, assurant vouloir s’engager “pour plus de justice et contre toute forme de discrimination”.

 

De manière plus générale, un des leviers pour garantir les intérêts des salariés face à ces différents enjeux sera la signature de conventions collectives dans davantage d’entreprises. “Nous devons négocier des conventions collectives et couvrir un maximum d’employés”, constate Roberto Mendolia, qui rappelle que, si la directive européenne en la matière impose une couverture nationale de 80%, le Luxembourg n’en est pour l’instant qu’à 60%. Il reste donc effectivement du travail pour les syndicats ces prochaines années.


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Pierre Pailler