Agriculture

Villeroux : la découverte de viande argentine provoque la colère des agriculteurs

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 Publié le mardi 30 janvier 2024 à 18:50 - Mis à jour le mardi 30 janvier 2024 à 21:34    Vaux-sur-Sûre

Ce mardi, les agriculteurs ont intercepté, sur le zoning de Villeroux (Vaux-ur-Sûre), un camion transportant notamment de la viande argentine. De quoi susciter la colère des agriculteurs qui dénoncent actuellement une concurrence déloyale alimentée par la grande distribution.


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 Le zoning de Villeroux à Vaux-sur-Sûre fait l'objet d'un blocage depuis lundi. En ligne de mire : l'enseigne Aldi et sa politique agressive sur les produits alimentaires. Alors que les manifestants venaient de rencontrer au petit matin le ministre wallon de l'agriculture (MR) Willy Borsus, voilà qu'ils tombent sur une cargaison transportant du boeuf irlandais, de la viande hollando-danoise et plus exotique encore, du steak de cheval argentin.

Sortant d'une entreprise de salaisons, le camion tentait de sortir discrètement par un chemin de traverse. Pas de chance pour lui, il s'est embourbé, attirant sur lui l'attention des manifestants agricoles.

Présent sur place, Frédéric Magnette, agriculteur à Etalle, nous ouvre le camion frigo transportant ces colis de viandes destinés à des grandes surfaces de la région.

"On est en Belgique, on produit quelque chose de qualité exceptionnelle. On est contrôlés de tous côtés. On a une pression énorme dans nos papiers et dans nos affaires à ne plus savoir comment faire... et voilà qu'on vient devant nous avec ça. C'était vraiment le pompon d'amener ça aujourd'hui devant nous"

 

Le pompon car lors des discussions avec le ministre wallon de l'agriculteur, ce mardi à 5h, les agriculteurs ont évoqué, entre autre difficultés, la concurrence déloyale qui se joue dans les rayons des supermarchés. Rien de neuf sous le soleil, mais la reprise des négociations européennes sur l'accord de libre échange Mercosur ravive les inquiétudes des agriculteurs. Ils dénoncent la menace d'une viande à bas prix, de moindre qualité et qui ne respecteraient pas les normes d'hygiène et de contrôle qui leur sont imposées.

 

Non au volet agricole du Mercosur

 "Cette revendication est totalement légitime" répond Willy Borsus au micro de nos confrères de la RTBF. "Pas d'importation chez nous de produits qui ne respectent pas les contraintes, les normes, les dispositions que nous avons chez nous. C'est la raison pour laquelle je m'oppose totalement au volet agricole du Mercosur. Ça n'aurait évidemment pas de sens. C'est de la concurrence déloyale, tout simplement. Alors que le monde agricole européen est en crise. Négocier un volet qui viendrait aggraver cette crise serait un non-sens absolu".

On notera que sur ce point, la Ministre de l'environnement (Ecolo) Céline Tellier, a tenu un discours similaire aux représentants du monde agricole ce mardi à Namur :

"Il n’est pas acceptable que l’agriculture soit la variable d'ajustement des grands accords commerciaux.
Je ne suis ni Ministre de l’Agriculture ni Ministre de l’Economie, mais je prendrai ma part dans l’effort collectif et je suis à leur côté, dans les compétences qui sont les miennes, pour les accompagner vers une agriculture moins victime des dérèglements de marchés et garante d’une rémunération juste. Cela passe notamment par la valorisation des circuits courts, qui reste une solution solide pour assurer une rétribution juste de celles et ceux qui nous nourrissent mais également par un rééquilibrage des rapports de force avec les secteurs de la transformation et de la distribution" a-t-elle déclaré par voie de communiqué.

À voir si cet engagement sera de nature à rassurer les éleveurs wallons. Mercosur ou pas, la viande étrangère y compris de contrées très lointaines comme la Nouvelle-Zélande ou l'Amérique latine continue d’atterrir dans les étals des supermarchés et pas seulement dans les enseignes de type "hard discounter".

Un autre exemple d'un système alimentaire qui "marche sur la tête" et qui passe de plus en plus mal auprès des éleveurs wallons qui voient leurs coûts augmenter sans cesse mais leurs revenus diminuer.


Frédéric Feller