"Une enfance marquée par la guerre", c'est le nom de la soirée qui s'est déroulée mercredi dernier à Sibret, dans la commune de Vaux-sur-Sûre. Une soirée au cours de laquelle était racontée l'histoire de Gisèle Rollus, qui avait 7 ans durant la Bataille des Ardennes dans le petit village martyr de Sainlez.

Occupé par une division de parachutistes allemands, le village de Sainlez, en commune de Fauvillers, va devenir la cible de l'artillerie alliée en décembre 1944. Et le théâtre d'un Noël cauchemardesque pour Gisèle Rollus et sa famille. Gisèle n'a que sept ans quand un obus américain tombe sur un ferme voisine, tuant 28 civils. La peur permanente régnant sur la village s'accroit encore le 26 décembre quand des chasseurs bombardiers pilonnent le village. Tentant de fuir vers les bois avec les Allemands, de nombreux habitants perdent la vie, dont un frère et deux deux soeurs de Gisèle.

Cette histoire, elle a été racontée au centre culturel de Sibret, sur base du témoignage de Gisèle Rollus, recueilli par Guy Leyder, un historien local.

"Ces témoignages, je les ai restranscrits sous forme de conte de Noël, explique l'historien. 95% du récit est celui de Gisèle, les cinq autres des choses que je connaissais d'autres témoignages. Tout cela reste comme un bruit de fond comme si le fracas de la Bataille des Ardennes n'avait jamais vraiment disparu."

La petite-fille de Gisèle comme narratrice 

Dans une mise en scène signée Guy Mars, Guy Leyder et trois jeunes filles de la région narrent au public le parcours de la petite Gisèle durant et après la Bataille des Ardennes. Parmi les narrateurs figure Pauline, la petite fille de Gisèle Rollus.

"On a toujours été bercé par cette histoire, précise Pauline Dabe. Je pense que notre grand-mère cherchait à nous transmettre des valeurs à travers son vécu."

Gisèle présente dans la salle

Devant une salle comble, le récit de Gisèle conquiert tout le public et toutes les générations. La principale protagoniste est présente parmi la foule. Revivre son histoire à travers ce spectacle lui laisse un sentiment mitigé.

"Cela me fait de la peine de réentendre tout ça, confie Gisèle Rollus. Je ressasse souvent ce qui s'est passé dans ma tête. Mais cela me fait plaisir de voir ma petite-fille raconter mon histoire."

Cette mémoire est toujours bien vive, 80 ans plus tard, grâce, notamment, aux récits de ces derniers témoins des horreurs de l'hivers 44-45.

Antoine Billa