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Le directeur général de Vivalia au centre de nouvelles tensions politiques

Le directeur général de Vivalia au centre de nouvelles tensions politiques
 Publié le vendredi 11 juin 2021 à 17:21 - Mis à jour le lundi 04 juillet 2022 à 15:33    Province


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Je suis outré. Écœuré par ce que je lis et entends”. Yves Bernard balance entre colère et indignation. Rarement le directeur de Vivalia, connu pour sa maîtrise de soi, ne nous a semblé aussi marqué, par ce qu’il perçoit comme “une campagne de désinformation et de déstabilisation”.  

Je lis que certains parlent de me mettre au placard, et même de me licencier (il fait référence à deux interviews accordées par Dominique Gillard, membre MR du Conseil d'administration et par le président provincial du MR Benoît Piedboeuf dans La Meuse). Je prends note. Mais il faudra bien préciser ce que l’on me reproche exactement”.

Cela doit cesser”, lance de son côté Roland Déom, président ad interim manifestement irrité par la situation : “Certains s’évertuent vraiment à vouloir mettre le bazar. Nous avons bien d’autres soucis à régler”.

Crispations entre majorité et opposition

Depuis une dizaine de jours, de nouvelles crispations politiques ont terni l’entente retrouvée en début d’année entre cdH, PS et MR. Le nœud du problème ? Le refus par la tutelle de voir le futur conseiller général œuvrer aux côtés et de manière indépendante du directeur général. 

Pour comprendre, il faut remonter à cette réunion de ce 11 février, où les trois partis cdH, PS et MR se sont entendus sur la nouvelle gouvernance pour Vivalia. Ce projet de nouvelle gouvernance aborde de multiples  points, comme la revalorisation des bas salaires (2 x 3% d’ici fin 2021) ou la création d’un bureau exécutif afin d’améliorer la réactivité dans les prises de décisions. Une très bonne chose, tous en conviennent.

La nouvelle gouvernance vivalienne passe aussi par une refonte de l’organigramme et la création d’un poste de conseiller général, imaginé par et pour permettre à Yves Bernard de faire le pas de côté qu’il avait lui-même proposé en vue d’aplanir les tensions, vis-à-vis du corps médical arlonais notamment, toujours cette pierre d'achoppement au milieu des fondations de Vivalia 2025.

Un pas de côté. Non un pas en arrière

Le refus de la tutelle bouleverse les plans. Selon son interprétation, le conseiller général doit avoir un lien de subordination avec le directeur général. Un rapport hiérarchique qu’Yves Bernard n’est pas prêt d’accepter. “J’ai proposé, de ma propre initiative, de faire un pas de côté. Et non un pas en arrière”, nous explique-t-il. “Professionnellement, on ne peut rien me reprocher. Sur la forme, je sais que je suis dur en négociation ; que je manque peut-être d'empathie, je le reconnais. Mais sur le fond, prenez chaque dossier, j’ai toujours défendu l’institution. Personne ne pourra dire le contraire.” 

Renégocier avec la tutelle… 

Pour sortir de l’impasse, deux options ont été avancées. D’un part Vivalia ira renégocier avec la tutelle et tentera de faire valoir son point de vue. Ce sera une des premières tâches qui incombera au futur nouveau président Yves Planchard. Ici, une question de semaines...

...et introduire un recours au conseil d’état

Parallèlement, le CA de Vivalia introduira un recours devant le Conseil d’Etat, à titre conservatoire. Il se réserve ainsi le droit de faire annuler la décision de la tutelle, au cas où la renégociation n’aboutirait pas. Là, une question d’années…

La troisième voie du MR

C’est face à cette perspective, qu’ont ressurgi les querelles entre cdH-PS d’une part et MR d’autre part. 

Pour le MR, la renégociation avec la tutelle est vouée à l’échec. Mais il est tout aussi inconcevable d’attendre les quelque deux années que durera la procédure devant le Conseil d’Etat. “C’est une perte de temps”, affirme Benoît Piedboeuf. 

Le MR, opposé à la renégociation et opposé au recours, a avancé une contre-proposition : “désigner un président du Comité de direction sur le modèle de ce qu’il se fait à l’ISPPC à Charleroi. Où le président du Comité de direction a le directeur général sous sa direction. Il faudrait ensuite adapter les compétences du DG pour les faire correspondre au poste de directeur stratégique.

Quel barème pour le DG ?

Si la tutelle a refusé l’absence de lien hiérarchique entre le directeur général et le futur conseiller général, elle a en revanche validé l’augmentation barémique du DG, fixée par le CA de Vivalia pour faciliter l’engagement d’un profil à la hauteur de l’institution.

Mais l’enlisement de la situation actuelle fait craindre au MR une autre répercussion, mise au jour ce mardi lors d’une réunion de concertation syndicale. 

Entre autres questions, la CSC a allumé la mèche (involontairement ?) en demandant à quelle date sera appliquée cette nouvelle échelle barémique du directeur général. 

Applicable, non appliquée 

A question simple, réponse simple... Mais voilà, on est à Vivalia. Et la réponse apportée par le président Roland Déom, n’a pas été entendue voire comprise de la même manière par tous les participants autour de la table. 

Une “incompréhension” qui a ravivé les crispations entre les cdH-PS et le MR. Et il aura fallu une mise au point de Roland Déom : “Contrairement à ce que certains laissent croire, je l’ai dit et je le répète : oui, le nouveau barème du directeur général est applicable au 1er mai. Et non, il n’est pas appliqué.” 

Le MR est rassuré. Jusqu’à présent

Nous avions clairement marqué notre accord pour cette revalorisation barémique du futur directeur général, nous confie Dominique Gillard, administrateur MR à Vivalia. Mais pour nous, il est hors de question que cette revalorisation s’applique à la situation actuelle. Ce n’est pas l’objet de notre accord. Cela ne pourra entrer en vigueur que dans le cadre du nouvel organigramme”, ajoute Dominique Gillard, en forme de mise en garde à l’adresse de la majorité...  et du directeur général actuel, qui pourtant est en droit de réclamer l’application du nouveau barème.

Ce n’est pas mon intention, nous confie Yves Bernard. Vivalia est devant des échéances importantes. Ce sont mes priorités actuelles et je compte assumer mes missions.”

Assumer les missions… et les tensions. 

Christophe Thiry





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