Depuis plusieurs jours, les images de vastes champs grillés au roundup entre Etalle et Habay alimentent les conversations sur les réseaux sociaux. Au-delà de l'emploi de désherbant, l'utilisation de terres nourricières pour alimenter de la méthanisation fait débat. Pour TVLux, l'agriculteur répond aux critiques.

 Plusieurs hectares de champs jaunis par le désherbant, c'est le panorama que l'on découvre actuellement entre Etalle et Habay. L'utilisation de désherbant est flagrante. De par son ampleur elle a choqué les habitants de la région qui l'ont abondamment commentée sur les réseaux sociaux.

"C'est parti d'échanges sur le groupe Bien vivre à Étalle, sur Facebook. Les gens ont commencé à poser des questions, où certaines réponses sont tombées, et où les gens ont compris à quoi ça allait servir. À savoir que les terres ici à l'entrée d'Étalle, allaient servir pour chauffer un wellness et un spa dans un hôtel à Arlon", explique la conseillère écolo, Lieve Van Buggenhout.

Mais est-ce là la réelle destination de ces terres ? Contactée par nos soins, la porte-parole de l'hôtel Van Der Valk réfute cette explication. "Notre unité de biométhanisation est alimentée par des effluents d'élevage de la ferme Pastoret de Sterpenich, nous n'avons rien à voir avec cette histoire à Etalle".

Le démenti est clair. Seulement voilà, c'est également la famille Pastoret qui a acquis les 70 ha de terres agricoles à l'entrée d'Etalle dont une partie a été passée au roundup. Sur le plateau de TVLux, Jean-Pascal Pastoret clarifie la situation. Oui, il a bien acheté ces terres, mais non, elles ne serviront pas exclusivement à alimenter l'unité de biométhanisation de Weyler.

"Quand on reprend une exploitation, le but c'est de faire de la culture. Maïs, blé, colza... tout dépend de la météo. Si on met du maïs dans la biométhanisation, c'est une histoire de 10%. On a un volume de 18.000 tonnes d'effluents d'élevage par an dont 10% de maïs qui seront du surplus agricole"

L'agriculteur ne comprend pas la violence des attaques sur Facebook pour ce qui est, pour lui, une histoire de reprise d'exploitation. Pour lui, le projet de biométhanisation ne viendra pas remplacer son élevage mais lui permettra, ainsi qu'à ses enfants, de se diversifier. Il profite également à tous les agriculteurs de la région.

"Nous sommes, moi et mon frère, porteurs du projet de station de biométhanisation (en partenariat avec le patron du Van Der Valk d'Arlon, ndlr). Nous avons réussi à construire cette unité et on travaille avec 30-35 autres agriculteurs de la région d'Arlon".

Le débat sur la biométhanisation au Parlement wallon

Étonné par la violences des critiques, Jean-Pascal Pastoret, se retrouve bien malgré lui au centre d'un débat qui dépasse la seule commune d'Etalle. L'utilisation des terres nourricières à des fins énergétiques va alimenter la campagne électorale de ces prochaines semaines et susciter des interpellations.

À Etalle, l'opposition Ecolo a déjà activé ses leviers, de même que la majorité MR, pour porter la problématique à l'attention du ministre wallon de l'agriculture, Willy Borsus (MR). L'échevin des finances d'Etalle, Sébastien Peiffer, a déjà contacté personnellement  le Vice-premier wallon:

"Le problème n'est pas tant lié à Van Der Valk, ni à l'exploitant agricole. C'est un problème beaucoup plus général qu'il faut étudier, de savoir comment on régule la biométhanisation. Et monsieur Borsus m'a confirmé qu'il était tout à fait favorable au biogaz, que c'était une énergie verte importante mais que pour lui, le biogaz, c'est l'utilisation des déchets issus de l'agriculture ou de l'industrie. Et peut être une toute petite partie de production issue des terres nourricières".

"J'ai eu contact avec notre député régional, Jean-Philippe Florent, qui va porter la question au Parlement wallon. On a eu des échanges, avec deux échevins de la commune, effectivement sur toutes ces questions là et de voir un peu au niveau local ce qu'on peut apporter comme réponse", précise de son côté la conseillère écolo, Lieve Van Buggenhout.

À Etalle, la discussion s'est donc déjà engagée entre majorité et opposition. Jusqu'à évoquer la possibilité d'un territoire zéro pesticides et glyphosate. Un projet à construire avec, et non pas contre les agriculteurs, précisent d'emblée les élus.

Frédéric Feller Julie Fohal