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Marche-en-Famenne : les urgences dans le rouge

Marche-en-Famenne : les urgences dans le rouge
 Publié le mercredi 30 juin 2021 à 06:30 - Mis à jour le lundi 04 juillet 2022 à 15:33    Marche-en-Famenne


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Ce mardi 29 juin 2021 fera date au service des urgences de Marche-en-Famenne. Pour la première fois, de mémoire d’urgentiste, le SMUR est mis au rouge, véhicule immobilisé et interdit de sortie, par manque de médecin urgentiste. Le cas de figure se représentera par huit fois dans les deux prochains mois, si un accord n’est pas conclu d’ici là. 

Précisons-le tout de suite, la situation n’est pas plus enviable à Bastogne où le SMUR sera mis au rouge vingt fois (!) dans les prochaines semaines. Nous y reviendrons. Mais à Marche-en-Famenne, le contexte est différent. Là où Bastogne manque d’infirmières, parties vers d’autres contrées plus confortables et rémunératrices, c’est un bras-de-fer qui se joue à Marche-en-Famenne. Un bras de fer entre le conseil médical de l’IFAC et le gestionnaire de Vivalia, et au centre les médecins urgentistes.

200.000€ en faveur des médecins urgentistes

Pour comprendre, il faut remonter à 2016, date d’un accord conclu entre le gestionnaire et les conseils médicaux des trois hôpitaux (IFAC, CHA, CSL) pour augmenter de 160 à 200% les suppléments d’honoraires en chambre simple. Depuis, par cet accord, 20% reviennent à l’intercommunale pour supporter les déficits structurels ; les autres 20% sont attribués aux trois conseils médicaux. Chacun d’eux s’était engagé à allouer, au départ de ces 20% de suppléments d’honoraires, un montant de 200.000€, pour revaloriser les salaires des médecins urgentistes. Les compléments restants leur reviennent.

Le conseil médical de l’IFAC récupère ses 200.000€ 

Voici 18 mois, le conseil médical de l’IFAC a annoncé qu’il comptait récupérer la totalité 200.000 euros, laissant au gestionnaire le soin de compenser seul la différence.  “Nous avons toujours dit que cette ristourne aux urgentistes était révisable chaque année ; qu’elle était liée au bon fonctionnement de l’association de médecins et à la mobilité médicale entre les sites hospitaliers. Ce n'est pas le cas, donc l'accord ne tient plus.”, nous explique Frédéric Englebert, président du conseil médical de l’IFAC. 

Mais le gestionnaire ne l’entend pas de la même oreille :  “L’accord de 2016 était clair. Pour preuve, les médecins d’Arlon et Libramont ne l’ont jamais remis en cause et ont réaffirmé voici deux mois que c’était un bon mode de fonctionnement. Je rappelle que par cet accord, les médecins urgentistes ont été revalorisés, sans prendre un "cent" aux autres médecins”, détaille le directeur général de Vivalia Yves Bernard. “Nous n’avons eu de cesse d’essayer de convaincre les médecins de l’IFAC de revenir sur leur décision, et tentons encore de trouver une solution.

Huit jours sans SMUR aux urgences de Marche

En attendant, privé de ces 200.000 euros, l’intercommunale nous dit ne pas avoir eu d’autre choix que de réduire le salaire des urgentistes de Marche-en-Famenne, avec effet rétroactif au mois de janvier de cette année. La décision a eu pour effet de pousser les médecins urgentistes marchois à diminuer leurs prestations et heures supplémentaires, au point que le service sera en manque de personnel et ne sera pas en mesure d’assurer ses départs SMUR, à raison de huit jours au cours des prochaines semaines.

Des réquisitions pour maintenir le SMUR

Face à la situation et pour tenter de garder le SMUR disponible, le gestionnaire a opté pour des réquisitions de personnel. Ni plus, ni moins. C’est ainsi que des médecins non urgentistes (anesthésistes, chirurgiens, orthopédistes…)  se sont vus confier des rôles de garde aux urgences. Au grand dam du président du conseil médical.   “Le gestionnaire n’a rien trouvé de mieux que d’imposer ces gardes, s’insurge Frédéric Englebert. Et il l’a fait en ciblant les jeunes médecins. Sans tenir compte de leurs horaires dans leurs propres services, ou même sans s’inquiéter de leurs départs en vacances.” Inutile de dire que ces réquisitions passent mal : “La plupart de ces médecins ont déjà fait savoir qu’ils ne s’estiment pas dans les conditions, ni compétents, pour assumer ces gardes aux urgences. Et ils sont en droit de le refuser.” 

Une solution via le fonds de promotion

C’est un problème extrêmement délicat, admet Philippe Deleuze, directeur médical de l’IFAC. On espère ramener tout le monde autour de la table et débloquer la situation.
Les appels à la raison se multiplient.  le député provincial à la santé Stéphan De Mul a pris la plume fin de semaine dernière et s'est adressé aux membres du conseil médical juste avant leur assemblée générale,  attirant leur attention sur les implications de leur décision sur la qualité des urgences. La réponse est revenue tout aussi rapidement, par avocat...

Chacun toutefois s'accorde à espérer une solution honorable. Des rencontres se tiennent en ce moment, et une proposition d’accord a été avancée. Il s’agirait de financer les 200.000€  via le fonds de promotion de l’hôpital Princesse Paola. La balle est dans le camp du conseil médical marchois.

Christophe Thiry