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Zone de secours : le Commandant Stéphane Thiry passe la main

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 Publié le jeudi 24 mars 2022 à 12:05 - Mis à jour le jeudi 24 mars 2022 à 15:15    Province

La zone de secours Luxembourg va devoir se trouver un nouveau commandant. Le major Stéphane Thiry a annoncé, à la surprise de beaucoup, qu’il ne renouvellera pas son mandat en août 2023. Les raisons : un besoin de souffler et une perte de confiance avec certains bourgmestres.


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Il avait réservé la primeur au président de la zone et à ses officiers en début de semaine. Il a confirmé son intention aux membres du collège de zone ce mercredi : le commandant Stéphane Thiry ne briguera pas un second mandat, à son échéance en août 2023.

Pour raisons familiales... et professionnelles

La choix résulte d’abord d’une réflexion personnelle. “La fonction m’occupe 24/24h, 7/7j. J’en oublie ma famille, mes petits-enfants… Six ans, c’est long. Je ne veux plus passer à côté”, nous explique Stéphane Thiry. Mais dans l’entretien qu’il nous a accordé, on se rend rapidement compte que son choix est aussi et peut-être surtout porté par des raisons professionnelles. 

Nommé en 2017 pour six ans renouvelable une fois, à la tête de la zone de secours Luxembourg, de ses 16 casernes et 700 hommes, le commandant Thiry estime venu le temps de passer la main : “On est arrivé au bout de quelque chose. Il faut du renouveau”. Si le commandant a encore le soutien d’une large majorité de sa base “avec 700 hommes, tout le monde ne peut pas être d’accord, mais ça je l’accepte, ça fait partie du job de les convaincre”, la relation devient tendue et compliquée à vivre avec certains élus locaux.

Pendant les trois premières années de mon mandat, j’ai eu la confiance totale du collège de zone (13 bourgmestres et un député provincial, ndlr), mais depuis quelques mois il est plus difficile de travailler sereinement, lorsqu’on doit essuyer des piques, des petites insinuations, des remises en cause de décisions prises. Il y a une accumulation de petites choses... Je suis là pour faire évoluer la zone, et non pas pour remettre des rapports sur rapports, des dossiers sur dossiers, au bon vouloir de certains élus”.  

Un bourgmestre nous confirme : “Le ton de certains confrères n’est pas toujours des plus cordiaux”“On va s’en mordre les doigts…”

Une entreprise de 700 personnes

Fidèle à lui-même, le commandant n’y va pas par quatre chemins : “J’ai bataillé pendant des années à faire comprendre que la zone doit être perçue, et donc gérée, comme une entreprise de 700 personnes. Or avec 44 bourgmestres aux 44 visions différentes, la tâche est irréalisable. Il faut se rendre compte que seul le Luxembourg a une telle taille, toutes les autres zones en Belgique sont limitées à une douzaine de communes”.

Pourtant la zone s’est réorganisée, avec autour du commandant, la création d’un état-major fort d’une vingtaine d’officiers. Pas suffisant ? “On leur demande de gérer leurs départements (gestion du personnel, des investissements, des appels d’offres, des bâtiments, des véhicules, des formations…). Ils doivent maîtriser les réglementations et législations. Mais en plus, ils doivent assurer leurs gardes, de soirée, de week-end, et être sur le terrain en cas d’interventions. Certains officiers n’en peuvent plus et veulent arrêter.”Pour le commandant, le combat est quotidien : “toujours, il faut motiver pour maintenir l’équipe en place et batailler pour trouver les moyens de faire fonctionner la zone”. Maintenir le cap malgré la pression : “le cercle est vicieux”.

L’annonce  intervient alors que la réforme 4.0 que porte Stéphane Thiry (“une réforme fondamentale pour la zone”)  n’est pas encore totalement aboutie. Elle a été votée à une large majorité, certes, mais les communes de Neufchâteau et Bouillon ont introduit des recours et celles de Wellin, Tellin, Daverdisse attendent une adaptation.

10 mois pour préparer la transition

Le changement de commandement interviendra au terme du mandat en août 2023. “Des bourgmestres du collège de zone m’ont demandé de temporiser ma décision. Ce que j’ai refusé. Il faut compter dix mois pour l’ensemble de la procédure. Plus on reporte, plus on met à mal la transition.” Avec le risque de fragiliser encore le fonctionnement de la zone, celle-là même que le commandant défend. Avec ténacité. Mais avec les moyens, et la confiance, qu’on lui accorde.


Christophe Thiry