Solidarité

Gouvy : nouvelle manifestation en soutien à Billy Sacko menacé d'expulsion

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 Publié le vendredi 29 mars 2024 à 18:06 - Mis à jour le vendredi 29 mars 2024 à 18:33    Gouvy

Une nouvelle action de soutien à Billy Sacko s'est tenue ce jeudi au sein de l'entreprise Lejeune et Fils, à Bovigny (Gouvy). Originaire de Guinée, ce travailleur arrivé en Belgique en 2013 est menacé d'expulsion. Il travaille pourtant en CDI au sein d'une entreprise de toiture et panneaux solaires. Son employeur est révolté.


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 Citoyens, entrepreneurs et syndicats se sont rassemblés ce  jeudi après-midi en soutien à Billy Sacko. Le jeune Guinéen avait introduit une demande de protection internationale en Belgique et une demande de régularisation de séjour. Toutes deux ont été rejetées, tout comme une demande de permis de travail. Comme l'explique son avocat, Matthieu Lys :

"La législation belge rend impossible l'introduction d'une demande de permis de travail pour des personnes qui sont en séjour irrégulier. Et donc j'ai demandé à titre exceptionnel, que l'Office des étrangers l'autorise au séjour pour que l'employeur puisse introduire une demande de permis de travail. Et de nouveau, cette demande a été rejetée. Donc on essaye de continuer dans cette voie là et on attend maintenant la décision aussi du recours sur le recours qui est toujours pendant".

 

Un patron révolté

Billy Sacko a un contrat à durée indéterminée au sein de l'entreprise Lejeune et fils. Il s'est formé au métier, une formation entièrement payée par l'Etat belge, et forme maintenant les jeunes travailleurs qui entrent dans l'entreprise. Son patron, Benoît Lejeune est révolté par tous les refus obtenus et  n'imagine pas se séparer de son employé :

"Pourquoi est ce qu'on doit les renvoyer dans leur pays et qu'on ne leur donne pas le droit au travail ? Dans des métiers en pénurie ! C'est tout ce qu'on demande, mais qu'on nous écoute ! Il paie ses contributions, il fait tout. En 2018, quand j'étais au fond, je n'avais plus de personnel qui était motivé. Eh bien, Billy il est venu avec d'autres personnes étrangères.

Nous, on veut travailler, on est motivé. J'ai retrouvé la joie d'aller travailler avec ces personnes. C'est monstrueux ce qu'on nous fait. C'est scandaleux ! Alors je ne m'adresse vraiment plus au monde politique, mais aux personnes sensées. Il faut se mobiliser et dire stop, stop, on change la loi ! Oui, des gens qui travaillent dans notre pays ont le droit de vivre. C'est tout ce que je demande".

 Félicité pour son parcours professionnel, puis menacé d'expulsion

 Billy Sacko ne comprend pas non plus pourquoi sa situation ne s'améliore pas.  Lui qui a suivi une formation financée par l'état, il avait reçu des félicitations au terme de celle-ci.

"Si on me félicite pour mon intégration pourquoi ne pas m'accorder le séjour ? Pour que je poursuive ma formation."

 L'état lui conseille de rentrer en Guinée pour demander son permis de travail pour revenir ensuite en Belgique. Une chose que Billy Sacko n'ose pas faire par peur de représailles. En 2013, il a participé à une manifestation contre le régime. Il a été arrêté et mis en prison. Pour protéger sa famille, il a dû quitter le pays. 

"J'ai quitté début 2013, ça va faire onze ans. Si j'y retourne, je vais pas m'en sortir. Soit je me fait arrêter ou me faire tuer"

Lors de cette nouvelle action, une oeuvre a été réalisée à l'initiative de l'artiste Bénédicte Moyersoen. Il s'agissait d'attacher des colsons les uns aux autres avec la symbolique "Tissons des liens, pas des menottes." Au total, 112 000 colsons seront assemblés et exposés à Liège en avril. Ce chiffre correspond au nombre de sans papiers en Belgique. 


Jordane Meyer