Publié le jeudi 24 avril 2025 à 16:55 - Mis à jour le jeudi 24 avril 2025 à 18:17 Virton
Une partie du personnel des CPAS de Wallonie a manifesté ce matin. Ils s’élèvent contre les mesures prises par le gouvernement fédéral de revoir à la baisse la durée des allocations de chômage, reportant de la sorte une partie des charges, de travail et financières, sur les CPAS.
Ils sont venus de Florenville, d’Etalle, de Habay, de Meix-devant-Virton, de Tellin, de Gouvy pour rejoindre leurs collègues de Virton. Toutes et tous travailleurs sociaux de CPAS pour mettre en garde contre la réforme des allocations de chômage et ses répercussions sur l’accompagnement de personnes.
Les CPAS des communes rurales du Luxembourg estiment à 25-30% l’augmentation du nombre de prises en charge des personnes exclues du chômage. Auxquelles il faudra ajouter des demandes d’aides ponctuelles de celles et ceux qui n’auront pas droit au revenu d'intégration.
"Si nous voyons arriver un public qui perd ses droits au chômage, il nous faut les moyens humains, logistiques et financiers de pouvoir remplir notre mission correctement. Nos missions sont déjà difficiles à exercer actuellement, donc les mesures gouvernementales nous plongent dans une réelle inquiétude." Eric Noël, directeur général du CPAS de Virton
Qu’ils tournent avec deux-trois assistants sociaux dans les plus petits CPAS, ou à une douzaine dans les plus grosses entités, l’encadrement se trouve déjà en situation critique. Ces travailleurs s’interrogent sur l’essence même de leur métier.
"Personnellement, j'ai plus l'impression de faire du secrétariat tellement on a une charge administrative et donc, nous n'avons pas le temps d'accompagner les gens correctement." Dominique Vandendris, assistante sociale CPAS de Habay
"On nous demande, dans notre accompagnement social, de créer un lien de confiance avec les personnes. Quand on est CPAS, un organisme payeur, ce n'est déjà pas évident mais avec tout ce qui s'annonce, on a peur que notre accompagnement social soit plus difficile." Sentayehu Presciutti, assistante sociale CPAS de Meix-devant-Virton
"En CPAS, le but premier c'est de pouvoir accompagner la personne vers une autonomie. Certes lui garantir un revenu lorsqu'il n'a plus aucun droit, mais c'est tout le côté pédagogique derrière qui va en pâtir." Livia Guidi, assistante sociale CPAS de Meix-devant-Virton
Initialement prévue au CPAS de Bastogne, la mobilisation de ce jeudi s’est vu priée au dernier moment de trouver un autre lieu de rendez-vous. Le bourgmestre et député fédéral de la majorité, Benoît Lutgen, jugeant l’action quelque peu prématurée.
"D'après lui (Benoît Lutgen), c'est trop tôt. Il n'y a encore aucune mesure concrète qui lui permet de voir quels seront les impacts au niveau du CPAS de Bastogne." Dominique Wilkin, secrétaire régional intersectoriel CSC Services Publics
"C'est maintenant qu'il faut montrer au gouvernement de l'Arizona que s'il ne donne pas les moyens, les CPAS seront en grande difficulté ainsi que les communes parce qu'elles sont la source de financement des CPAS." Stéphane Poos, assistant social CPAS de Tellin
Pour ces travailleurs sociaux, le gouvernement wallon a aussi sa part de responsabilité. Lui qui a supprimé l’indexation des emplois APE, qui a retiré son soutien à certains services comme la guidance en consommation d’énergie et qui projette d’intégrer les CPAS aux administrations communales.
"Nos fédérations soeurs en Flandre ont fait cette expérience d'intégrer et il n'y a aucune économie qui est sortie. Donc, je pense qu'il faudrait vraiment mesurer les impacts qu'ils soient financiers ou organisationnels avant de lancer cette mesure." Nicolas Schlitz, directeur général des CPAS de Meix-devant-Virton et Rouvroy
Bien qu’au bord de la rupture, les CPAS gardent encore ouvertes les portes de l’accompagnement social. Mais ils se demandent : jusqu’à quand, ils pourront tenir…
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