Un stand de tir olympique à Bertrix. Le projet est ambitieux, unique en Belgique, voire même à 500 km à la ronde. Il vient de franchir une étape importante au conseil communal, ce jeudi 16 novembre, avec le vote, à l'unanimité, du cahier des charges. Reste tout de même à trouver... près de 5 millions d'euros.

C'est ce qu'on appelle un carton plein. Ce jeudi soir, le conseil communal bertrigeois a voté à l'unanimité le cahier des charges du projet de centre de tir olympique. Le président de la société de tir locale, Louis Roger, est aux anges :

"Et bien vous avez en face de vous, un président qui est très, très, heureux. Heureux d'avoir entendu le résultat de ce vote, à l'unanimité, c'est magnifique. Tout le monde est pour l'installation de cette infrastructure sportive".

Autre personne a avoir le sourire dans la salle ce soir, l'ancien bourgmestre et actuel échevin des travaux, Michel Hardy (MR). Depuis 2015, il se bat pour ce projet : "il a fallu trois ans pour acquérir le terrain, 5-6 ans pour ficeler le dossier et puis obtenir le permis unique en juillet 2023".

Un projet unique dans le Benelux

 Situé dans les bois, à proximité de la base militaire de Jehonville, sur une ancienne propriété de l'armée, le futur centre de tir regroupera des stands adaptés à toutes les disciplines de tir olympique et paralympique. En plus des sportifs, il sera fréquenté par les particuliers, les chasseurs, policiers et agents du DNF. Avec un panel de stands et de distances de tir unique dans le Benelux, comme le confirme Pierre-André Laurent, responsable de secteur Infrasports SPW :

"C'est un projet unique pour la Belgique et même à 500 km à la ronde. Un pas de tir qui va jusqu'à 300 mètres, on ne retrouve pas cela dans le Benelux. Le plus proche est à près de 500km que l'on soit dans le nord de la France ou en Allemagne".

La promesse d'un centre d'excellence qui a convaincu la Wallonie, elle investira des montants très importants :

"Le plafond de subsidiation pour des dossiers classiques est de 2,5 millions et ici le fait d'avoir été chercher un second subside Wallonie Olympique Ambition Or, à 4 millions, c'était vraiment une opportunité, tout à fait unique. Ce n'est pas courant".

Encore 4-5 millions à trouver...

La Wallonie a beau sortir le chéquier, ce n'est pas encore suffisant. Si l'on ajoute le million et demi apporté par la fédération francophone de tir et le club local, et les 150.000 euros d'un armurier, on est encore loin du budget de près de 15 millions d'euros, nécessaire à la réalisation du projet.

Même si elle soutient à fond le dossier, l'opposition Ensemble, s'interroge :

" Il y a des subsides, des interventions pour un total de 9 millions. Il reste donc 6 millions donc 40% à trouver. C'est important. Raisonnablement on ne peut pas faire prendre un risque à la commune, et il faut penser aux surcoûts, inévitables, les partenaires peuvent-ils s'engager sur cet aspect là ?"

Sur l'impact du projet sur les finances communales et donc sur les citoyens, le bourgmestre prend l'assemblée à témoin :

« On s'engage avec l'ensemble du collège à ce que stand ne coûte rien au citoyen bertrigeois » Mathieu Rossignol, Bourgmestre

Le Bourgmestre précise, "si on ne trouve pas l'argent, le projet ne se fera pas". Mais les pistes sont là, avance Michel Hardy, qui assure que certains contacts sont déjà bien avancés :

"On attend encore des confirmations comme celle de la FN Herstal qui est assez importante, la Loterie nationale qui a approuvé le projet et un tas de petits partenaires comme les armuriers".

Une recherche d'investissements à laquelle souhaite se joindre le groupe Ensemble qui aurait souhaité intégrer un groupe de travail : "Nous souhaitons vivement que le club jouisse d'un nouveau stand, on veut capitaliser sur le travail déjà accompli et ne pas laisser s'échapper les promesses de subsides".

Le vote du cahier des charges pour conserver les subsides

Sur ce dernier point, l'horizon est désormais dégagé. Le vote du cahier des charges de ce 16 novembre était indispensable pour lancer les adjudications européennes, et ensuite l'attribution des travaux, qui doit intervenir avant la fin mars 2024.

D'ici là, il faudra trouver les financements complémentaires et finir de convaincre les plus sceptiques de la viabilité d'un centre d'excellence à Bertrix. Originaire de Bruges et présent à la séance du conseil, le président du tir aux clays de Bras (Libramont) clame toute sa confiance et sa fierté à voir ce projet se construire. Il assure que l'infrastructure sera pérenne et attirera de nombreux tireurs du nord du pays.

D'après les chiffres avancés par Infrasports, le potentiel est là : la Belgique compte 40.000 tireurs sportifs et 170.000 détenteurs d'armes à feu.

Frédéric Feller