Publié le mardi 25 mars 2025 à 17:35 - Mis à jour le mercredi 26 mars 2025 à 14:40 Saint-Hubert
À Saint-Hubert, les esprits s'échauffent autour des clôtures installées en bordure de l'aérodrome. Selon le bourgmestre, les rehausser d'un mètre supplémentaire est une question de sécurité qui permet également d'éviter "le massacre" des cervidés. Néanmoins, des voix s'élèvent contre cette mesure, ne voyant là qu'un règlement de compte familial.
Le constat : l'aérodrome de Saint-Hubert, zone non chassable, constitue un refuge pour une centaine de cerfs et de biches. Problème, cette population se reproduit, devient donc plus présente dans les environs, mais continue de se soustraire à l'action de chasse.
"On a des répercussions dans l'environnement", explique Stéphane Abras, chef du cantonnement de Nassogne pour le Département Nature et Forêts. "C'est-à-dire des dégâts au niveau des arbres donc un impact économique de production de bois, mais aussi une pression qui se fait sur les réserves naturelles. La pression qui est mise en place par les cervidés se répercute sur des projets de restauration qui se font à proximité de l'aérodrome".
Réguler, mais pas massacrer
Au vu du constat, le Département Nature et Forêts a invité la commune à discuter d'une chasse/destruction. Un terme qui a surpris le bourgmestre.
Mais ici, je ne comprends pas vraiment la réaction des gens. L'autre solution, c'était de tuer tous les cervidés. C'est la volonté du DNF !
"Dans le collège, j'ai quelqu'un qui est plus Ecolo et lui ai demandé son avis s'il voulait plutôt une chasse destruction sur l'aérodrome", détaille Didier Neuvens, bourgmestre de Saint-Hubert. "Je lui ai dit qu'on allait partir sur une clôture comme ça c'est plus sain et pas soft. Mais ici, je ne comprends pas vraiment la réaction des gens. L'autre solution, c'était de tuer tous les cervidés. C'est la volonté du DNF !"
Le DNF dément cette affirmation. Si le terme un peu technique de "destruction" peut prêter à confusion, il s'agit bien d'une régulation, qui pouvait se faire sans une nouvelle élévation des clôtures actuelles. Mais pour le bourgmestre, lui-même chasseur, celle-ci permettra également de sécuriser le site de l'aérodrome.
Le gibier ne gêne pas le centre national de vol à voile
"On a fait une première rencontre, avec une partie du collège, du commandant de bord", poursuit le bourgmestre. "J'ai posé la simple question s'il y avait un danger avec les cervidés sur le site, un commandant adjoint m'a répondu qu'il n'y avait pas de danger, que les biches étaient sur les pistes, et que lorsque l'avion était prêt à décoller, elle rentrait dedans et vice-versa, moi je veux bien..."
Sollicité pour confirmer ces propos, le commandant de l'aérodrome n'a pas pu nous répondre. Renseignement pris auprès du centre national de vol à voile, le gibier ne pose pas de problème. "Ce qu'il y a, c'est que pendant la période du brame, il y a un peu plus de gibier sur la piste", explique Manu Litt, chef pilote pour le centre national de vol à voile. "Quand on doit voler, on envoie la petite voiture jaune les dégager et puis on vole. Je travaille pour la sécurité, j'attends pas maintenant pour tout mettre en œuvre donc s'il y avait vraiment un danger, je serais vraiment le premier à venir rouspéter".
Un règlement de compte ?
Pas consulté lui non plus, le détenteur du droit de chasse regrette l'élévation des clôtures, expliquant avoir aussi payé pour protéger le gibier dans cette zone de quiétude qu'est l'aérodrome.
Selon plusieurs sources, qui estiment que les arguments invoqués ne tiennent pas la route, cette décision communale ne serait qu'une vengeance personnelle et politique de Didier Neuvens à l'égard de membres de sa belle-famille. En particulier un garde-chasse actif près de l'aérodrome et sa femme, qui a préféré la liste Cap aux dernières élections à celle du bourgmestre. "Si ça avait été une revanche, j'aurais fait tuer tout", répond Didier Neuvens. "Moi, c'est la sécurité des gens avant tout".
Le sujet reste brûlant à Saint-Hubert. Reste à voir quelles en seront les conséquences politiques et touristiques.
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