Il fait le buzz en francophonie depuis une dizaine de jours, suite à un article d'un chercheur belge qui prépare une thèse à l'Université de Fribourg, en Suisse. Trouvé en septembre 2000, ce dé pipé prouve que les gallo-romains trichaient au jeu.

Il est tout petit, 9mm d’arête, seulement ; mais ce dé est unique au monde. Il a été trouvé lors de fouilles dans la villa gallo-romaine de Mageroy, sur la commune de Habay. Une découverte qui date de septembre 2000 mais qui vient de connaître un phénoménal regain d'intérêt suite aux recherches de Thomas Daniaux, un montois qui prépare une thèse sur le jeu dans l'Antiquité à l'Université de Fribourg, en Suisse et qui a récemment publié un article sur la triche à l'époque romaine dans la revue Pallas.

Et parmi les dés pipés de l'époque romaine, Thomas Daniaux a eu connaissance de celui trouvé à Mageroy. Une découverte faite par un adolescent de 15 ans qui fouillait bénévolement sur le site durant ses vacances. En fait, Julien Minet a eu la chance de trouver les deux seuls dés découverts sur le site de Mageroy.

Le deuxième s'est brisé lors de la fouille laissant s'échapper du mercure que le jeune fouilleur a immédiatement reconnu et prélevé. Un dé pipé au mercure, la découverte, faite à proximité du bassin de la villa est soigneusement consignée. Mais sans plus.

Réalisé en os, ce dé a minutieusement été évidé par les ocelles, les points marqués sur les faces. Ceux-ci ont été ensuite soigneusement rebouchés après l'introduction d'une quantité de mercure. L'inertie de ce métal liquide à température ambiante permettait au joueur de fausser le résultat du dé. Cette mise en lumière est accueillie avec joie par l'asbl Arch'Hab qui organise les fouilles sur le site de Mageroy depuis 1984. Ce dé exceptionnel pourrait bien devenir le futur logo de l'association.

Un buzz sur lequel le musée archéologique d'Arlon, récemment repris par la commune, compte aussi surfer. Dépôt agréé de fouilles en région wallonne, un parmi les trois reconnus en Wallonie, il offre au public une salle où les objets de Mageroy sont exposés en vis-à-vis de ceux découverts dans le vicus arlonnais.

Ce que l'Histoire ne dit pas, c'est si Tiché ou son équivalent romain, Fortuna, punissaient les tricheurs...

David Pierson