Les agriculteurs sont en colère, ils manifestent. Certaines communes ont décidé d'agir. C'est le cas à Marche-en-Famenne, où 1 million d'euros va être octroyé pour faciliter l'accès à la terre pour les jeunes agriculteurs marchois

Face à la crise agricole qui explose ces derniers jours, tous tentent de trouver des solutions pour aider le secteur. La Ville de Marche vient de présenter ce jeudi une initiative que l'on peut qualifier "de première" dans la Province. Elle s’apprête en effet à dégager un fonds d’un million d’euros, issu de ses réserves, pour faciliter l’accès à la terre aux jeunes agriculteurs de la commune qui n'ont pas de surfaces exploitables suffisantes. En pratique, la commune va, très prochainement, sous forme d'ASBL, inviter les acteurs du terrain autour de la table : exploitants agricoles, notaires, propriétaires de terrains, etc. Les jeunes agriculteurs de moins de 40 ans sont visés. Ils doivent "avoir" l'agriculture comme activité principale, être dans la commune, et posséder déjà des surfaces agricoles de moins de 56 hectares.

L'ASBL va acquérir des terres sur le territoire communal. La commune reste donc propriétaire du terrain. Les terrains sont ensuite mis en location, sous forme de "bail à la ferme" classique ou emphytéotique. Les terrains que la commune souhaite acheter auront, bien souvent, une superficie d'environ 1 hectare, parfois 20 ares s'il s'agit d'un horticulteur. Ce sera des cas d'espèces. Le terrain devra être rendu lorsque le fermier cessera son activité. Le terrain est donc réservé à une ferme, plutôt qu'à une personne.

Une agriculture de transition

"Nous n’avons pas le droit de rester indifférents face à la crise existentielle que vivent les agriculteurs, qui sont les meilleurs gardiens des valeurs que sont le travail, l’effort, le mérite et l’esprit entrepreneurial. Nous avons bien conscience que ce que nous proposons aujourd’hui peut être vu comme une goutte d’eau dans l’océan. Nous savons fort bien que tout se joue à d’autres niveaux de pouvoir, principalement l’Europe et au Fédéral, mais encore à la Région. Nous sommes cependant partisans de la formule : penser globalement, agir localement", André Bouchat, bourgmestre

Ce n'est pas la première fois que la Ville de Marche-en-Famenne "aide" le milieu agricole. En 2018, on se souvient de l'achat de terrains pour la Ferme Jamagne : 56 hectares, dont 36 hectares ont été mis en location via des baux à ferme et 7 hectares via des commodats. La Ville a attribué ces terres à de jeunes agriculteurs. En 2019, 2 hectares acquis à la Verte Voye à Waha, mis en location via des commodats, selon le même principe. Un programme de plantations de haies sur le plateau du Gerny, pour enrayer l'érosion des sols. Comme le souligne Valérie Lescrenier, échevine en charge de l'agriculture : "Ce dispositif vise une agriculture de transition, sans être exclusif. Une agriculture qui s'engage sur le chemin des mesures agro-alimentaires et climatiques et non des primes agro-environnementales qui auraient favorisé les détenteurs de surfaces importantes."

Plus de renseignements à ce sujet : Valérie Lescrenier ou Nicolas Grégoire (Échevins).

Laurent Trotta