Ministre d'Etat, figure de proue du parti social-chrétien devenu "Les Engagés", mais également ardent défenseur de la province de Luxembourg, Charles-Ferdinand Nothomb est décédé ce mercredi à l'âge de 86 ans ont annoncé nos confrères de la RTBF.

Issu d’une famille qui a toujours baigné dans la politique - son grand-père ayant été premier ministre et son père sénateur - Charles-Ferdinand Nothomb se rêvait très tôt député du Luxembourg belge. Rodé à la discussion dans une fratrie de treize enfants, le fils cadet, qui a grandi à Habay-la-Neuve, est élu pour la première fois en 1968 à la Chambre des représentants au sein du parti social-chrétien dont il deviendra le président entre 1972 et 1979, et ce avant d’être nommé, entre autres, ministre des affaires étrangères de 1980 à 1981, puis de l’intérieur de 1981 à 1986. 

Le 29 mai 1985 survient le drame du Heysel, qui causa la mort de 39 supporters de football. Les forces de l'ordre et leur hiérarchie sont pointées du doigt. Charles-Ferdinand Nothomb, ministre de l'intérieur de l'époque, se voit en partie imputer la responsabilité de ce tragique événement. Sa démission est réclamée, mais il refuse, arguant qu'il n'y a pas de faute dans son chef, contrairement aux organisateurs et aux hooligans. Face à ce refus d'obtempérer, c'est finalement les libéraux qui feront tomber le gouvernement en démissionnant collectivement. 

Charles-Ferdinand Nothomb deviendra ensuite sénateur, fera son retour au perchoir de la Chambre des représentants de 1988 à 1995, puis à la tête du PSC suite au départ du transfuge Gérard Deprez, qui fondera le MCC, composante du MR. Une "trahison" qu'il ne digérera pas. Charles-Ferdinand Nothomb mettra finalement un terme à sa carrière en 1999, laissant derrière lui un parti déchiré et exclu des affaires après 40 années au pouvoir.

Le parcours politique de Charles-Ferdinand Nothomb à travers ses archives
(reportage de 2016)

Au-delà de son parcours politique, Charles-Ferdinand Nothomb était également un homme de lettres, certes attaché à ses racines, mais se décrivant lui-même ouvert au monde. Après avoir suivi la décolonisation du Congo, puis réalisé plusieurs voyages en Chine ou encore en ex-URSS où il observera la décadence du communisme, celui qui est docteur en droit et licencié en sciences économiques rédigera une dizaine de livres et de publications axés sur la démocratie belge et ses contours. En 2012, alors âgé de 76 ans et toujours avec cette soif de connaissances, il reprendra le chemin de l’université pour des études de philosophie et même un kot à Louvain-la-Neuve.

La dernière fois que TV Lux a rencontré Charles-Ferdinand Nothomb, c’était à l’occasion de la sortie de « Premier sang », roman écrit par sa petite-nièce, Amélie Nothomb. L’auteure redonnait vie à son père décédé le 17 mars 2020, et Charles-Nothomb était invité à réagir. « Quand j’ai lu son livre, j’ai écrit une lettre à Amélie en lui disant qu’elle m’avait bien fait rire quand elle relatait de façon un peu caricaturale l’arrivée de son père dans la smala Nothomb au Pont d’Oye », nous avait-il confié.

Revoyez l'entretien de 2020 de l'émission "Juste quelqu'un de bien"

Nicolas Lefèvre