Publié le jeudi 01 juin 2023 à 18:11 - Mis à jour le jeudi 01 juin 2023 à 18:40 Aubange - France - GDL
L'État français et la Région Grand-Est annoncent l'octroi de 54 millions d'euros pour la construction et le développement d'une usine de biorecyclage à Longlaville près d'Aubange. Selon la société Carbios, son procédé industriel de dépolymérisation du PET par des enzymes est unique au monde.
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Une usine unique au monde, capable de traiter 50.000 tonnes de déchets PET par an et d'en retirer la matière première pour un nouvel usage. Et tout cela grâce un procédé made in France de biorecyclage. Sur papier le projet est tout simplement bluffant, presque trop beau pour être vrai.
« Je suis dans le coeur du cyclone depuis un an et demi... mais attention hein ! Dans le bon sens du terme ! Ce n'est pas tous les jours qu'on accueille sur sa commune un investissement de 280 millions d'euros ». Lorsqu'on aborde la question de l'arrivée de cette usine Carbios sur son territoire le maire de Longlaville, Hamdi Toudma, est dithyrambique.
Dans cette ancienne friche industrielle des trois frontières, située à un jet de pierre de Rodange (Luxembourg) et Aubange (Belgique), la promesse de 150 emplois directs et indirects a de quoi donner le sourire. « Et on ne parle pas d'une multinationale, c'est une PME de Clermont-Ferrand qui passe de la recherche et développement à l'usine ».
De la recherche au développement industriel
Active depuis 2011, la start-up française se prépare effectivement à faire le grand saut et à passer à la phase industrielle, après la création de son prototype à Clermont-Ferrand (voir vidéo ci-dessous). Au coeur du projet : un procédé de dépolymérisation du PET qui fait intervenir des enzymes. En résumé, cette technologie permet de convertir tout type de déchet PET (y compris textiles) en ses constituants de base (des monomères). Ceux-ci peuvent ensuite « être utilisés pour fabriquer de nouveaux produits en PET 100% recyclé et 100% recyclable, sans perte de qualité » promet Carbios.
Une promesse qui place l'entreprise en tête des sociétés les plus innovantes de France. Présente au Sommet Choose France initié par Emmanuel Macron, Carbios bénéficie désormais d'un important soutien financier public. Ce mercredi, l'État français et la région Grand Est ont annoncé l'octroi de respectivement 30 et 12,5 millions d'euros pour la construction de la première unité industrielle de Carbios à Longlaville. Un investissement qui vient s'ajouter à un autre de 11,4 millions pour "l'accélération des travaux de recherche et développement des technologies enzymatiques de recyclage".
Des subsides que justifie Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'industrie :
« La construction en France dès 2023 de la première usine de recyclage enzymatique de plastiques au monde constitue une étape importante vers la construction d’une économie des plastiques entièrement circulaire, qui constitue un des plus grands défis environnementaux des deux prochaines décennies ».
Avec de tels soutiens, le projet de l'usine de Longlaville semble définitivement sur les rails. Il reste néanmoins soumis à une enquête préalable portée par la Préfecture de Meurthe et Moselle du 12 juin au 12 juillet. La déclaration d'intention du projet est également disponible sur le site de la commune d'Aubange.
Si tout se déroule sans accroc, l'usine pourrait entrer en fonction en 2025 et traiter annuellement l'équivalent de 2 milliards de bouteilles en plastique. Un objectif confirmé en fin de journée ce jeudi avec l'annonce d'un partenariat avec le groupe Indorama Ventures déjà installé à Longlaville :
"Selon l’accord signé aujourd’hui, Carbios, qui a déposé une demande de permis pour l’usine en décembre 2022, devrait acquérir 13 hectares de terrain de l’usine de PET existante d’Indorama Ventures à Longlaville et s’attend à recevoir les permis d’ici le troisième trimestre 2023, ce qui permettra de commencer la construction d’ici la fin de cette année et de viser une mise en service en 2025".