Des enseignants de la section fondamentale de l'Athénée d'Arlon ont-ils aidé certains de leurs élèves à réussir leur CEB ? Depuis quelques jours, des soupçons de tricherie au sein de l'école planent sur une des épreuves de français...

Rétroactes

Nous sommes le vendredi 15 juin, premier jour du CEB. Comme dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les élèves de sixième primaire de l'Athénée d'Arlon découvrent l'épreuve d'expression écrite. Au départ d'une histoire, ils doivent inventer une suite et rédiger un texte d'une trentaine de lignes. Les élèves disposent de 40 minutes.

A la fin du temps réglementaire, les copies sont reprises ainsi que les brouillons. Le tout est envoyé au centre de correction de la zone d'Arlon. Là, quelques enseignants issus de plusieurs écoles de la région, tous réseaux confondus, passent au crible les rédactions, évaluent l'originalité et vérifient l'orthographe, la construction, la ponctuation... Au besoin, ils peuvent s'appuyer sur les brouillons annexés au "propre".

Des annotations écrites par des adultes

C'est justement lors de ces corrections que sont apparus des éléments troublants.

Selon nos informations recueillies à diverses sources, et confirmées par l'inspecteur général de l'enseignement fondamental Gérard Legrand, plusieurs copies issues d'élèves de l'Athénée d'Arlon comportaient des annotations et corrections écrites par des adultes, parfois directement sur le propre, parfois sur le brouillon.

Plus étonnant, il nous revient qu'une des copies était même associée à trois brouillons... Tous trois avec des contenus différents ! L'élève aurait-il eu le temps de coucher sur ces brouillons trois histoires distinctes et d'en écrire une quatrième au propre, le tout en 40 minutes ?

L'inspection est au courant

Dès le vendredi après-midi, les inspectrices de la zone ont alerté leurs autorités. Les documents comportant ces annotations ont été versés au dossier. Un rapport a été transmis à la ministre Marie-Martine Schyns à qui il appartient de donner suite et de diligenter une enquête afin de faire la lumière sur ce qui s'est passé au sein de l'école.

Deux questions se posent. Un ou des enseignants ont-ils favorisé certains élèves pendant ce contrôle ? Ou bien, plus grave, les thèmes de cette rédaction ont-ils fuité avant même l'examen, donnant le temps matériel à des élèves de préparer leurs copies et de les faire corriger ?

La chose est prise au sérieux. Et dans les établissements scolaires de la zone d'Arlon que nous avons contactés, le malaise est perceptible.

Les enseignants risquent des sanctions

Les règles entourant le CEB sont très strictes, afin de donner aux élèves de la Fédération les mêmes chances. Toute aide individuelle, a fortiori des annotations écrites, est formellement interdite. Les enseignants peuvent tout au plus attirer l'attention et préciser l'une ou l'autre consigne, à l'ensemble des élèves et oralement. A l'Athénée comme partout ailleurs, les enseignants et direction d'école ont signé un document les engageant au respect scrupuleux du règlement. Quiconque l'enfreint s'expose à des sanctions et poursuites.

Que risquent les élèves ?

Rien. Afin de ne pas pénaliser les élèves, l'inspection scolaire a judicieusement pris l'option de ne corriger que les exemplaires sur lesquels il n'apparaissait aucune annotation, soit la copie au propre, soit le brouillon. Les cotes d'expression écrite sont ainsi intervenues dans l'évaluation globale du CEB.

Dans quelle ambiance s'est déroulée la remise des certificats au sein de l'Athénée d'Arlon ? Nous avons essayé de poser la question à sa directrice, mais nous n'avons pas eu de réponse. Les vacances commencent mal...

Christophe Thiry