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Assises : "Vous avez tué celui qui vous a appris à remarcher !"

Assises : "Vous avez tué celui qui vous a appris à remarcher !"
 Publié le lundi 28 juin 2021 à 12:35 - Mis à jour le lundi 04 juillet 2022 à 15:33    Arlon - Province - Virton


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On a frôlé l’incident ce matin aux Assises du Luxembourg à Arlon, quand on a appris que l’accusé a rendu visite aux parties civiles samedi matin ! Pour l’accusé, il s’agit d’une méprise : « On avait l’intention, avec mon épouse, d’aller sur les lieux de l’accident. Sur le chemin, je lui ai dit : ‘On va aller prendre un café là’. J’ai vu madame derrière le comptoir. J’ignorais qu’elle était propriétaire de cet établissement, on a fait demi-tour. »

Alors qu’il comparaît libre depuis le début du procès, c’est menotté que l’accusé, Eric Flammang, a fait son entrée dans la salle d’audience ce lundi matin. Pour rappel, privé de liberté dès le soir des faits (27 février 2017) puis placé sous mandat d’arrêt, il avait été libéré en mai 2018. L’avocat général, Marianne Lejeune, tout en réaffirmant la présomption d’innocence de l’accusé, a expliqué aux jurés que la chambre des mises en accusation avait ordonné une prise de corps pour la tenue du procès et qu’elle ne fait qu’appliquer une décision de justice. Une décision antérieure à la rencontre fortuite de samedi entre l’accusé et les parties civiles.

Vers 9h15, Me Lisiane Brackman, pour les parties civiles, a commencé sa plaidoirie en demandant aux jurés de répondre « oui » aux deux premières questions qui leur seront posées à savoir, primo avoir, le soir des faits, avoir volontairement et avec une intention homicide, commis les faits qui sont reprochés, et secundo, avec préméditation.

En une heure et demi, Me Brackman a expliqué que, selon elle, tout concorde dans les faits pour démontrer que l’accusé voulait le résultat et avait pris sa décision bien avant les faits. L’avocate égraine les éléments factuels et met en relief leur correspondance avec la téléphonie, « Il tente de vous faire croire qu’il a fait une croix sur le viager, c’est faux, quelques jours avant les faits, il consulte un site de prêts en ligne, il cherche toujours une solution ! »

Le viager est bien au centre des préoccupations. Un viager sur lequel pesait l’audience prévue le lendemain des faits, où le tribunal devait constater le défaut de paiement et casser le contrat aux torts de l’accusé. « Il fallait éliminer Raymond Lochet ce soir-là ! Le 28, si tout avait bien marché, l’accusé serait arrivé à l’audience sur le viager et la mort de Raymond Lochet aurait bloqué la procédure. Ensuite, il serait devenu plein-propriétaire du bien ! Il en faisait alors ce qu’il voulait. Il a péché par orgueil, il s’est cru plus malin que tout le monde. Et il s’y croit toujours… »

« Ca glace le sang, c’est abject », ponctue Me Brackman. A la fin de sa plaidoirie, une partie civile et l’épouse de l’accusé sont en pleurs…

Elle est rejointe dans ses conclusions par le ministère public, où l’avocat général, Marianne Lejeune, qui voit chez l’accusé une lente maturation et une accumulation de contrariétés avant d’en arriver aux faits. « Le 27 février, on est en hiver, il n’y a pas de feuilles sur les arbres, il doit voir les lumières des habitations… Il les voit » répète-t-elle en pointant l’accusé. Et il va chercher des secours bien loin de là. Il veut être certain qu’il n’y a plus rien à faire pour sauver Raymond Lochet !

« Vous avez voulu la mort de Monsieur Lochet et vous vous y êtes bien pris ». L’accusé hoche la tête de gauche à droite en signe de dénégation mais ne soutient pas le regard de l’avocat général.

Elle termine : « Monsieur Flammang, j’ai rarement vu en Cour d’Assises quelqu’un qui voulait avoir raison à ce point. Vous avez tué celui qui vous a aimé, celui qui vous a soutenu, celui qui vous a appris à remarcher après votre accident. »

David Pierson





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