Ce 28 novembre, la ministre francophone des médias a annoncé que la réforme des médias de proximité se poursuivait. Le projet a été approuvé en deuxième lecture par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais reste contesté au sein des médias de proximité, particulièrement ceux visés par des fusions.

Les syndicats l'avaient rencontrée la semaine dernière avec l'impression de ne pas avoir été entendus... l'annonce de ce vendredi sonne comme une confirmation: le gouvernement compte bien continuer sa réforme, à commencer par un passage de 12 à 8 médias de proximité. La fameuse "pièce à casser" présentée au départ est plutôt devenue "à prendre ou à laisser" pour les médias du Hainaut et du Namurois qui sont concernés par les fusions.

S'appuyant probablement sur les récents remous vécus par BX1 ou TV Lux, la ministre enfonce le clou et évoque un modèle de financement qui n'est plus soutenable:

« Il apparaît désormais au grand jour que, dans plusieurs régions, les pouvoirs locaux ne sont plus en mesure de financer durablement leur média de proximité. Voilà un an que j’alerte : l’écosystème actuel n’est plus soutenable, et ce bien avant l’arrivée de ce Gouvernement. Il est crucial que chacun adopte une vision à long terme : sans réforme courageuse de l’écosystème, sans regroupement des plus petits acteurs, sans adaptation de leurs structures pour intégrer de manière stable du financement privé, c’est l’avenir même de cet écosystème qui est menacé »
Jacqueline Galant, ministre des médias (MR)

On notera au passage, l'apparition d'un nouvel élément de langage dans la communication de la ministre qui parle désormais de "sauvetage des médias de proximité". Une formulation qui fait bondir le directeur de nos voisins et confrères de Matélé;

"Contrairement à ce que suggère l'intitulé même de cette réforme, Matélé ne se trouve pas en situation de détresse financière nécessitant un quelconque sauvetage. Au contraire, c'est la réforme de Madame Galant qui nous met en danger. Notre média fonctionne, remplit ses missions de service public, et maintient un équilibre budgétaire sain. Nous sommes pleinement conscients du contexte budgétaire que traverse la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous avons d'ailleurs été parmi les premiers à accepter une contribution proportionnelle aux efforts demandés.
Laurent Costantiello, le Directeur général de Matélé"

Pour rappel, TV Lux n'est pas concernée par les projets de fusion, qui visent à ne plus financer qu'un seul média par province, à l'exception de Liège et du Hainaut. Néanmoins, le média de proximité du Luxembourg est touché par les mesures d'économies qui font passer la dotation globale de 10,5 à 10 millions d'euros par an. Un montant qui ne sera plus raboté durant la législature, assure la ministre, mais pas indexé non plus.

Reste la question de la réforme des APE qui pourrait déstabiliser encore un peu plus le financement des médias de proximité. Le cabinet écrit dans son communiqué " qu'il s’est engagé à tenir informées les organisations syndicales de l’impact potentiel de cette réforme sur les médias de proximité, dès qu’une vision claire sera disponible". Et de rappeler "que la réforme APE concerne l’ensemble du territoire wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et dépasse largement le seul secteur des médias de proximité".

Il est vrai que les manifestations de cette semaine, plus particulièrement celles du monde associatif mais également des pouvoirs publics, ont confirmé que d'autres secteurs s'inquiétaient de cette réforme.