Restaurer plus de 450 hectares d'habitats naturels, c'est l'objectif de Natagora et de son pendant luxembourgeois. Un projet transfrontalier qui consiste à créer de nouvelles zones de réserves naturelles. Le chantier a déjà commencé.

Nous sommes tout près de Troisvierges, au Grand-Duché de Luxembourg, dans la réserve naturelle du Conzefenn. La fondation Hëllef fir d'Natur y a restauré une prairie humide. Celle-ci est pâturée par des moutons et fauchée tardivement. Tout un travail qui permet aujourd'hui l'observation d'espèces plus ou moins rares, que ce soit de fleurs ou d'animaux.

"On récolte des grains, des semences par exemple d'arnica qu'on cultive comme jeune plante", explique Kévin Jans, géographe. "On les transfère vers d'autres sites pour améliorer les autres habitats. On a aussi quelques oiseaux qui nichent ici comme la cigogne noire qui est devenue très rare dans toute l'Europe".

Des oiseaux, des libellules, des papillons sont également observés à moins de 20 kilomètres de là, dans la réserve naturelle de Chifontaine près de Gouvy. Les épicéas qui étaient exploités ici jusque dans les années 90 ont fait place à un milieu ouvert gorgé d'eau appelé tourbière. 

"C'est un paysage qui a été façonné par les activités de l'homme, qui a largement défriché la forêt de l'Ardenne depuis le Moyen-Âge", rappelle Denis Parkinson, biologiste chez Natagora. "Ces grandes zones ouvertes ont perduré jusqu'à la révolution industrielle à la fin du 19e siècle. La restauration écologique que l'on mène ici, c'est quelque part d'essayer de reconstituer, à une petite échelle, les paysages tels qu'on pouvait les voir dans l'Ardenne des 17 et 18e siècles".

110 hectares de nouvelles zones de réserves naturelles seront créées d'ici 2031. Pour la fondation Hellef Fir d'Natur, collaborer avec Natagora permet une meilleure expertise et d'être cohérent.

"La nature et les espèces ne connaissent pas les frontières. Il y a l'Ardenne belge et luxembourgeoise, mais c'est la même région. On doit de nouveau travailler ensemble pour avoir un grand réseau et une grande connectivité entre les différents habitats", conclut Kévin Jans.