Marginalisés, infantilisés, invisibilisés : les seniors sont particulièrement touchés par l'âgisme. Ils sont en proie à des stéréotypes tenaces pesant sur leur dignité et ce, dès 55 ans. Les conséquences de ces discriminations sont nombreuses. Parmi elles : obstacles à l'emploi ou encore soins et services inadaptés.
Pour tenter de comprendre et imaginer des pistes de solutions, nous avons avons été à la rencontre de différents profils. On a tout d'abord suivi Françoise, militante et distributrice du journal "Hold up", édité par "Le gang des vieux en colère"; puis Donatienne qui est référente démence en maison de repos et lutte quotidiennement contre ces discriminations. Ensuite, c'est Nadine, 56 ans, qui témoigne de la difficulté de trouver un travail à cause de son âge. Enfin, Stéphane Adam, professeur en psychologie du vieillissement, apporte son regard d'expert sur le sujet. Ils nous font nous interroger sur cette question : "âgisme : les seniors au rebus ? "
Elles sont victimes ou luttent contre l'âgisme
Elles luttent contre l'âgisme ou en sont victimes. A 79 ans, Françoise Einsweiler fait partie de la première catégorie. Animée d’un souci de justice sociale, la marbehanaise multiplie les initiatives visant à déconstruire certains préjugés. La diffusion d'un journal militant fait partie des actions que cette battante mène sur le terrain. Elle frappe donc régulièrement à la porte des associations, MRS et autres commerces. Son objectif : sensibiliser le public et promouvoir des pratiques respectueuses et inclusives à l’égard des aînés. On la retrouve ici à l'Auberge du Vivier ou encore dans une épicerie à Tintigny.
Dans la seconde partie, on a rendez-vous à la MRS "Sans souci" avec Donatienne Maquet. La référente démence a suivi des formations sur le sujet qu'elle met en pratique tous les jours au travail. On le voit, pour la bastognarde, il est primordial d'écouter davantage les désirs des résidents. Avec eux et en collaboration avec ses collègues, elle élabore ce qu’elle appelle un « projet de vie ».
L'âgisme montre différentes facettes et commence plus tôt qu' on pourrait le penser. C'est ce qu'on remarque avec le témoignage de Nadine Devloo. A 56 ans, la libramontoise est victime de discriminations sur le plan professionnel. Elle a beau envoyer des CV et suivre des formations, elle essuie constamment un refus de la part des employeurs. A l'instar d'autres femmes de son entourage, on lui laisse entendre que son âge constitue un frein. Pourtant, Nadine reste déterminée à trouver du boulot.
L'avis du spécialiste
A la fin du magazine, Stéphane Adam nous apporte un précieux éclairage sur le sujet, Professeur en psychologie du vieillissement à l'Université de Liège. Le chercheur, de renommée internationale, organise régulièrement des conférences sur cette thématique. Son objectif : changer le regard de la société sur le vieillissement. Il nous parle notamment des secteurs dans lesquels l'action est prioritaire, comme les maisons de repos ainsi que le médical et paramédical. Il évoque également les nombreux stéréotypes qui circulent sur les aînés.
Répercussions sur le plan économique et social
Professionnel, médical, paramédical, culturel, services : on l’a vu, les domaines touchés par l’âgisme sont légion et les conséquences sont nombreuses sur le plan économique ou encore social.
Pour enrayer ce fléau, les autorités politiques se doivent de prendre le problème à bras le corps. Des actions concrètes doivent être mises en place. L'augmentation du nombre de MRS, le refinancement des soins à domicile, la création de formations adaptées ou encore la diffusion de campagnes de sensibilisation sont autant de pistes de solutions évoquées par Stéphane Adam. Mais, à côté d'une prise en charge par les autorités gouvernantes, c'est aussi notre regard sur la vieillesse qu'il faut changer, car, d'une manière ou d'une autre, nous sommes tous concernés