Après plusieurs rebondissements, le procès Veviba s'est enfin ouvert ce mardi matin au tribunal correctionnel de Neufchâteau. Onze personnes physiques et sociétés doivent répondre de plus de 80 préventions liées au scandale qui a éclaté au grand jour en 2018. Rappel des faits.
Le 7 mars 2018, suite à des perquisitions ayant mis au jour une série d'irrégularités, le ministre fédéral de l'agriculture de l'époque retire à Veviba, propriété du groupe Verbist, l'agrément pour la découpe de viande et le frigo. Sur 200 palettes de viandes contrôlées, 133 se révèlent non conformes aux règles de l'AFSCA.
"Vous avez de la falsification de dates", justifiait Denis Ducarme. "Vous avez un déchet animal qui est réintroduit dans l'alimentation humaine, en particulier pour la viande hachée".
L'AFSCA annonce que, déjà fin 2016, une fraude à l'étiquetage avait été constatée par les autorités sanitaires du Kosovo où Veviba avait exporté de la viande datant en réalité de 2004. Un ouvrier qui dit avoir préparé cette commande s'était confié anonymement à TV Lux.
"Quand vous prenez de la viande sous vide et que vous voyez le sang qui est tout vert... J'ai déjà dit que je trouvais ça inadmissible, mais on m'a dit de ne pas m'occuper de ça, de remplir et de mettre dans le camion".
Veviba avait déjà été inquiété
En avril 2018, un enquêteur à la retraite nous expliquait également que l'abattoir avait déjà été inquiété en 2001-2002 pour des fraudes à l'étiquette, mais l'instruction avait abouti à un non-lieu.
"On s'en est rendu compte via l'examen des ordinateurs", détaillait Arthur Barthélemy. "On a vu que les vieilles étiquettes avaient été effacées et qu'on avait encodé de nouvelles étiquettes qui surclassaient la carcasse".
Veviba puis Qualibeef
En juin 2018, Veviba peut reprendre son activité de découpe et fait progressivement place à Qualibeef.
À la tête de cette société, ce ne sont pas les Verbist, Lodewijk et Diederik qui, un an plus tard, consentent à se retirer du volet commercial et opérationnel pour une durée de dix ans , mais un manager de crise.
"Rien n'est encore gagné parce qu'il faut qu'on ait la prolongation du sursis provisoire", expliquait Christian Kerkhofs en avril 2019. "Il faut qu'on récupère des clients pour pouvoir rembourser les créanciers par la suite. C'est quand même le but de la réorganisation judiciaire".
Un site à l'abandon
En août 2019, Qualibeef est néanmoins déclarée en faillite.
L'abattoir de Bastogne cherche un repreneur, mais rien ni personne ne viendra sauver l'activité du site bastognard.
L'espoir d'une relance a été brièvement ravivé par d'autres entrepreneurs, mais il n'en demeure aujourd'hui qu'un effet d'annonce.