Le procès Veviba s'est enfin ouvert ce mardi au tribunal correctionnel de Neufchâteau. Onze personnes physiques et sociétés doivent répondre de plus de 80 préventions liées au scandale alimentaire et sanitaire qui a éclaté en mars 2018. Tous ont été entendus ce matin.
"Je n'ai jamais donné d'ordre", voilà ce qui est sorti à plusieurs reprises de la bouche de Diederik Verbist. Devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau, l'ancien patron de Veviba nie toute implication dans l'exportation de vieilles viandes au Kosovo (faits remontant à 2016) et dans la fraude à l'étiquetage.
"Déjà, il faudra démontrer qu'elle était avariée", explique Me Molders-Pierre, avocat de Diederik Verbist. "C'est pas parce que la date limite de consommation est dépassée qu'elle est forcément avariée puisque ça dépend en fait de la date de congélation. Il est fermement contesté qu'il ait pu donner le moindre ordre et d'ailleurs, on n'a retrouvé aucun mail ou aucune trace écrite ou quoi que ce soit".
Un scandale pour écraser la concurrence ?
En mai 2016 néanmoins, un mail, avec la direction en copie, fait état de 1184 palettes dont l'étiquetage n'est pas réglementaire.
"Il n'est pas indiqué dans ce mail qu'il y a des problèmes par rapport à de la viande avariée", poursuit Me Molders-Pierre. "C'est un problème de mode opératoire qui a d'ailleurs été réglé par la suite. Moi je note quand même qu'il est très curieux, alors que les faits du Kosovo datent de 2016, que la perquisition a lieu en 2018, à peine quelques jours avant que Veviba signe un contrat presque d'exclusivité avec Delhaize, et qu'après la production est redispatchée vers toute une série de personnes qui ont pu, peut-être, aussi profiter que cette perquisition soit arrivée au bon moment et que le contrat avec Delhaize ne soit pas signé".
Qui est responsable ?
Le gestionnaire des stocks et le responsable des exportations, prévenus également, ont été entendus au même titre que leur ancien employeur.
Si le premier déclare qu'il soupçonnait la présence de vieilles viandes dans le congélateur en provenance de l'abattoir d'Izegem fermé en 1999, le deuxième a avoué qu'on lui avait demandé de vendre de la vieille viande, mais qu'il avait refusé.
Ce procès devra faire la lumière sur les responsabilités de chacun.
Plusieurs sociétés se sont constituées parties civiles dont Colruyt et Delhaize, mais également l'Etat belge, qui réclame 25.000 euros d'indemnité.
"L'AFSCA est sous la tutelle de l'Etat belge", explique Me Eylenbosch. "Cela a eu un impact sur son image et notamment la crédibilité de la sécurité alimentaire en Belgique".
Les plaidoiries se dérouleront le 24 février prochain.