Vous l’avez sans doute vu passer sur les réseaux sociaux et sur le site de TV Lux : ce week-end, une free party s’est tenue à Latour. Mais comment ce genre d’événement s’organise-t-il ? Pour le savoir, nous avons posé quelques questions à Youri (nom d’emprunt), un étudiant de 22 ans qui a participé à cette soirée clandestine.
Une free party, aussi appelée rave party, est une soirée illégale et improvisée, qui peut rassembler jusqu’à 5000 personnes. Et ce week-end, c’est sur le site de Ravago, dans d’anciens ateliers de la SNCB, que 2000 fêtards se sont installés en quelques minutes, selon le voisinage.
Mais comment autant de personnes peuvent-elles se retrouver au même endroit, et en si peu de temps ? Selon Youri, il s’agit de « collectifs » bien rodés, qui viennent parfois d’Espagne ou des Pays-Bas.
Lieu de rendez-vous
En général, tout commence par des coordonnées GPS envoyées par SMS. « Au début, on reçoit des coordonnées assez floues. Ici, c’était : rendez-vous au milieu de la Belgique.
De là, se forme un cortège : une trentaine ou une quarantaine de véhicules convergent alors vers un même lieu. Parmi eux, les camions transportant les baffles et le matériel nécessaire pour faire la fête. La police a repéré ces véhicules sur la N4 avant de les intercepter sur la N89, en direction de Saint-Hubert, une opération qui a d’ailleurs entraîné la fermeture de la N89 pendant plusieurs heures vendredi soir.
"Pour finir, c’est pendant la nuit que les coordonnées exactes ont été envoyées : rendez-vous à Latour, Virton », explique Youri, un habitué de ce genre d’événements.
Une installation rapide et efficace
Mais cela n’a pas arrêté les raveurs déterminés à faire la fête. Une centaine de véhicules ont fini par débarquer sur le site de Ravago, prenant possession des anciens ateliers SNCB en quelques minutes.
« Ces gens-là sont des habitués. Ils sont rapides, efficaces et, en général, il y a une vraie entraide entre les festivaliers. Tout se monte très vite », explique Youri.
Il décrit ensuite les lieux, l’ambiance… et le type de marché qui s’y opère :
« On trouve de tout, c’est un véritable marché noir : pilules, coke, amphétamines… Mais il y avait aussi un coiffeur ! L’ambiance reste bienveillante. On rencontre tous types de personnes, des vieux, des jeunes… »
En effet, des participants venus de France, d’Allemagne, d’Italie et même de Lituanie ont fait le déplacement pour assister à l’événement.
Mais comment se finance une telle soirée ? Selon Youri, c’est un milieu sans argent.
« On ne paie pas d’entrée et on n'est jamais fouillés. C’est un milieu qui fonctionne du bouche à oreille. Tu peux ramener tout ce que tu veux, même ton barbecue si tu veux. »
Les dangers des free party
Même si ce genre d’événement attire beaucoup de monde, il ne faut pas oublier que c’est illégal. Il peut également s’avérer dangereux, avec des risques de malaises, d’overdoses ou de conduite sous influence.
« En général, au bout de trois jours, les gens partent d’eux-mêmes. C’est parfois même la police qui rend la situation plus dangereuse en voulant intervenir », estime Youri.
Pour le chef de la zone de police de Gaume, Jean-Yves Schul, l’intervention de la police reste nécessaire :
« Les ravers, c'est un phénomène de société, donc on peut quelque part les comprendre mais il y a des règles et je pense qu'il faut les respecter. Si on veut organiser une manifestation de cette ampleur, je pense qu'il y a un processus, il faut demander l'autorisation aux autorités administratives et qu'ils voient évidemment l'analyse de risque à faire pour ce genre d'événement. »
Pour la free party de Latour, les festivités ont pris fin dimanche vers 18h30, après l’intervention de la police.