La centrale nucléaire de Chooz doit renouveler son plan particulier d'intervention à activer en cas d'accident. Les Français habitant dans un rayon de 20 kilomètres seront consultés, mais pas les Belges qui résident à équidistance.

Les plus vigilants auront vu l'annonce dans un journal local : la Préfecture des Ardennes françaises lance une consultation populaire pour un nouveau Plan Particulier d'Intervention auprès des citoyens français qui habitent dans un rayon de 20km de la centrale. 

Tel qu'il est défini par EDF, " un plan particulier d'intervention est un dispositif établi par l'Etat français pour protéger les personnes, les biens et l’environnement et pour faire face aux risques particuliers liés à l’existence d’une installation industrielle et/ou nucléaire".

L'avis de consultation et le projet du plan particulier d'intervention seront consultables sur le site internet de la préfecture à partir du 26 septembre et jusqu'au 28 octobre.

Dans les mains des gouverneurs

Sur des groupes Facebook, tant des Français que des Belges s'étonnent néanmoins que les habitants des communes belges, près de quatre fois plus nombreux et résidant également à 20 kilomètres de la centrale, ne puissent être consultés.

En province de Luxembourg, Wellin et Daverdisse sont concernées. Les bourgmestres, que nous avons contactés, nous ont confiés ne pas être informés de cette révision de plan.

En réponse d'un mail envoyé par nos confrères de Matélé, la Préfecture des Ardennes explique que le préfet n'a compétence que sur le territoire national. "Pour le territoire belge, la protection des populations est prévue par le Plan Particulier d’Urgence et d’Intervention Nucléaire de la Province de Namur qui a été mis à jour en août 2025 et a été soumis à la lecture du préfet des Ardennes ainsi que par le Plan Général d’Urgence et d’Intervention de la province du Luxembourg de 2017.

La préfecture assure également que "Le document finalisé est actuellement à la consultation des différentes parties prenantes, notamment des gouverneurs des provinces de Namur et du Luxembourg".

Un incident passé sous silence ?

Si un accident nucléaire survenait, les gouverneurs des provinces de Namur et Luxembourg en seraient donc avertis sur le champ. 

Il est toutefois permis d'en douter au regard de ce qu'il s'est déjà produit en mars 2024. En effet, à l'époque, nos confrères de Matélé rapportaient que des effluents radioactifs non contrôlés avaient été rejetés dans la Meuse.

Après analyses, EDF avait assuré que les seuils radiochimiques réglementaires autorisés n'avaient pas été dépassés et qu'il n'y avait pas eu d'impact sur l'environnement.

Malgré tout, l'information est seulement parvenue 82 jours plus tard au bureau du Gouverneur de la Province de Namur par voie de presse. Pourtant, un accord, remis à jour depuis, avait été signé il y a plus de dix ans entre la préfecture des Ardennes, la centrale et le Gouverneur de la Province, qui consiste à tenir les autorités namuroises informées en cas d'incident. Le gouverneur namurois, Denis Mathen, déplorait lui-même le non-respect du protocole.

De son côté, EDF avait rejeté la faute sur la Préfecture car l'incident aurait été signalé par la direction de la centrale au département des Ardennes.

Une cacophonie qui, espérons-le, ne se reproduira plus.