La Croix du Pendu a commencé les vendanges à Redu. Pour la première fois, le jeune vignoble vinifiera ses vins sur place dans son nouveau chai, et -autre nouveauté- il se lance dans la production de pétillants selon la méthode Prosecco. "Mais ce sera du brut”, insiste Paul Delahaut, fidèle aux racines ardennaises.
A Redu, la Croix du Pendu est connu comme ce lieu-dit où jadis passaient à trépas brigands et voleurs…Aujourd'hui, changement de référence, la Croix du Pendu est le nom donné au nouveau vignoble porté par Paul Delahaut, de retour sur les terres natales.
"Mon grand-père a planté beaucoup de tilleuls autour du village. Mon père a planté des milliers d'hévéa en Afrique... Planter des arbres c'est quelque chose qui nous dépasse. Et je trouve important de faire des choses qui nous dépassent"Paul Delahaut, La Croix du Pendu
On peut dire qu’en matière de dépassement, ce juriste, ancien patron de banque privée bruxelloise, a su y faire. Sur ces parcelles à bâtir, à flan de coteaux, exposées sud, balayées par les vents et isolées du nord, 6000 pieds de vignes ont trouvé racine. Trois cépages blancs allemands, Muscaris, Elios et Johanniter y côtoient un cépage rouge originaire de Suisse, le Divico.
"Ce sont des cépages interspécifiques qui nécessitent peu de traitement pour lutter contre les maladies de la vigne. Il faut savoir qu'en Champagne, il y a douze à quinze traitements phytosanitaires sur les vignes qui ne sont pas en bio. Donc, quand vous buvez du Champagne non bio, vous buvez des produits chimiques. Ici à Redu c'est du bio", assène Paul Delahaut.
Entouré d’arbres et de haies, le vignoble se veut refuge à la biodiversité, agrémentés de panneaux didactiques pour les jours de visites.
Mais ici comme ailleurs quand le fruit est mûr il faut le cueillir et c’est entre amis et en famille que les vendanges ont commencé en ce samedi de mi-septembre. Sans machine et à la main.
"C'est la première fois et j'aime bien, c'est une bonne ambiance. On connait le vin, mais j'avais envie de voir ce qui se cache derrière", nous glisse un ami de la famille.
Si jusqu’ici la vinification et les mises en bouteilles se faisaient en extérieur, le vignoble de la Croix du Pendu dispose désormais de ses propres installations. Un chai, en pierre de pays, à l’architecture soignée, où Paul Delahaut a pressé ses premiers raisins.
Les installations disposent de sept cuves de vinifications, et -petite nouveauté- de deux cuves autoclaves, capables de supporter la mise sous pression, pour faire du "Spitant de Redu" un vin pétillant selon la méthode Charmat Martinoti…
"L'idée de faire un "Prosecco" wallon, entre guillemets, l'appellation est protégée. Proposer donc un vin pétillant où la prise de mousse s'est faite en cuve et non en bouteille, comme cela se pratique en méthode champenoise ou avec les crémants. Ce qui donnera un produit différent, plus aromatique"
Aromatique mais brut, Paul Delahaut y tient, histoire d’ancrer durablement la Croix du Pendu dans le terroir ardennais.