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Sous contrat CDI dans un secteur en crise, Billy Sacko risque l'expulsion

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 Publié le vendredi 09 juin 2023 à 16:03 - Mis à jour le vendredi 09 juin 2023 à 16:25    Gouvy

Patron d’entreprise de Bovigny, Benoît Lejeune se démène comme un diable pour défendre un de ses ouvriers. Originaire de Guinée, arrivé il y a trois ans en Belgique, Billy Sacko est engagé en CDI dans une filière en manque de main d’œuvre. Mais depuis fin mai, il est sous le menace d’une expulsion.


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Billy Sacko est originaire de Guinée. A 20 ans, le jeune homme quitte tout, traverse le Mali, l’Algérie, la Libye, réchappe d’un naufrage en Méditerranée, et débarque sur le sol européen pour atterrir en 2019 au centre de d’accueil de Bovigny. "En 2014, j'ai participé à une manifestation contre le régime. On m'a arrêté et mis en prison. J'ai réussi à sortir, mais pour protéger ma famille, il m'était interdit de rentrer chez moi. J'ai été obligé de quitter le pays".

C’est au centre pour demandeurs d'asile qu’il rencontre Benoit Lejeune. Ce patron d’entreprise familiale est confronté comme tant d’autres à un manque cruel de main d'œuvre. Pendant douze mois il va l’accompagner, le former, puis lui octroyer un contrat CDI. "C'est un bon ouvrier, travailleur, assidu. Il a suivi toutes les formations possibles, sécurité électrique, toitures plates, et obtenu son permis de conduire. C'est d'ailleurs le seul jour où il a été absent. Et maintenant, c'est même lui qui encadre un jeune que je viens d'engager", explique Benoît Lejeune.

Mais alors que le soleil semblait devoir briller encore longtemps, le ciel s’est obscurci, une première fois en septembre, une seconde fois en mai dernier, quand l’office des étrangers a confirmé son refus de la demande d’asile. "Je ne comprends pas. J'ai tout fait. J'ai un emploi, un appartement, je paie mes impôts et participe à l'économie de la Belgique... et on m'empêche de continuer", témoigne le jeune homme.

Benoit Lejeune s’engage alors dans la défense de son ouvrier, alerte les médias, lance une pétition et recueillie en une semaine plus de 4000 signatures. Pour dénoncer ce qu’il perçoit comme une injustice vis à vis de Billy Sacko, pour pointer aussi l’imbroglio administratif et le non-sens économique dans un secteur en crise. "J'étais  hier encore à la soirée annuelle de la confédération de la construction. Tout le monde se plaint de ne pas trouver de main d'oeuvre. Et quand une solution semble se dessiner, on ne fait rien pour nous aider", regrette Benoît Lejeune, qui garde un peu d'espoir depuis qu'une des personnes ayant signé la pétition lui a suggéré d'introduire une demande d’autorisation de travail dans le cadre d’un permis unique, à soumettre à la Région wallonne. 

Menacé d'expulsion , Billy Sacko préférera la clandestinité à un renvoi forcé en Guinée.
Et pourtant, à cette clandestinité et à son économie souterraine, il avait déjà choisi la formation, le travail, et l’intégration…


Christophe Thiry