Publié le jeudi 29 mai 2025 à 16:34 - Mis à jour le jeudi 29 mai 2025 à 16:52 Arlon
Comment accéder aux scènes sculptées des blocs gallo-romains encore situés sous les tours de l'enceinte gallo-romaine sans démonter ces constructions, une tentative a eu lieu récemment au moyen d'une caméra endoscopique.
La tour Jupiter est l'une des quatre tours connues de l'enceinte gallo-romaine d'Arlon. Une structure défensive construite vers la fin du IIIe siècle par l'armée romaine pour lutter contre les raids barbares. Pour établir les fondations de ces remparts, l'armée a démonté une série de prestigieux monuments funéraires des cimetières de l'Aurolonum Vicus et amassé des blocs sculptés. Des monuments datés du premier siècle de notre ère.
Depuis le XVIe siècle, le sous-sol arlonais est connu pour sa richesse en scènes antiques sculptées. Le musée archéologique d'Arlon possède d'ailleurs une collection unique en Belgique. Mais il reste de nombreux blocs sous les tours encore en élévation. Des blocs qui pourraient peut-être nous en apprendre davantage si l'on pouvait les contempler.
"C'est pas possible de démonter le soubassement du mur parce que finalement on aurait la tour sur le coin de la figure... Donc, comme on a envie de garder le monument intact, on doit ronger notre frein et s'arrêter. Mais bon, il y a parfois moyen de regarder avec des instruments et d'avoir un peu plus de connaissances.", Denis Henrotay, Archéologue Awap
Dans un test réalisé il y a peu, une caméra endoscopique a été introduite dans les interstices entre les blocs de récupération qui constituent les fondations.
Difficile sur ce type d'images, et pour un néophyte, de conceptualiser une réalité qui n'a plus été contemplée depuis 17 siècles, sauf par quelques araignées. Toutefois des détails apparaissent : ici un bras, là, un drapé, plus loin des attributs. Pour l'archéologue qui a fouillé ce monument lors de sa redécouverte en 2009 et qui en connait la structure, cette exploration produit du sens.
"On voit qu'il y a un bloc avec la représentation d'un dieu qui est muni de certains éléments qui pour l'instant ne sont pas encore tout-à-fait identifiés. On pense à une crinière de lion, donc, ça pourrait être Hercule mais ce n'est pas encore certain.", Denis Henrotay
Ce qui est certain, et cela a été prouvé lors d'une récente thèse de doctorat défendue par Christine Ruppert, c'est qu'Arlon possédait au Ier siècle de notre ère plusieurs monuments funéraires très imposants, tout-à-fait comparables au mausolée de Glanum, près de Saint-Rémy-de-Provence (FR), qui culminaient comme lui à plus de 17 mètres de hauteur, soit la taille d'un bâtiment de 6 étages !
"C'est interpellant, oui et surtout au Ier siècle. Ce n'est pas au IIIe s. au moment où la fortune des gens était faite et où il y avait des grandes familles qui pouvaient déjà se faire construire des grands monuments funéraires. Mais là, on est certain qu'on est au premier siècle. Là, c'est fort précoce donc ce sont certainement des citoyens romains qui s'installent ici.", Denis Henrotay
Bien que simple vicus, Arlon possédait de glorieux monuments funéraires, il nous faut les explorer et les connaitre au mieux pour tenter de comprendre. Et chaque détail nouveau est un pas de plus dans la connaissance.
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