La forêt peut-elle répondre à un besoin accru de bois ? C'est l'une des questions posées lors des rencontres de la filière bois. Un événement qui s'est tenu ce jeudi à Libramont en présence d'experts et de propriétaires forestiers. Des privés appelés à dynamiser leurs parcelles pour des forêts plus durables.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la superficie forestière a considérablement augmenté en Europe de 1850 à nos jours (+ 35%). Si l'on s'en réfère au seul exemple français présenté par François Morneau, qui fut chargé de mission de l'inventaire forestier de l'hexagone, on comptait 9 millions d'hectares de forêt à l'époque pour un peu plus de 17 aujourd'hui.

"On a tous l'image de cette forêt amazonienne, mais on ne voit pas ce qui se passe dans nos forêts européennes", constate François Morneau. "On voit tout de suite quand quelque chose change brutalement comme quand on coupe un arbre. Par contre, voir la forêt qui pousse, c'est quelque chose qui est délicat comme c'est un phénomène relativement lent".

Le danger du réchauffement climatique

"La forêt pousse, mais moins vite"

Tout n'est pas rose pour autant. Et pour cause, le réchauffement climatique perturbe les écosystèmes qui ont du mal à s'adapter. Plusieurs événements de plus en plus récurrents ont mis en alerte les gestionnaires et exploitants forestiers. Pour ne citer qu'un exemple : la prolifération des scolytes dévorant les épicéas, et ce du fait de saisons hivernales beaucoup moins rudes que par le passé.

"La forêt pousse, mais moins vite que les années précédentes", poursuit François Morneau. "On a vu ces épisodes de sécheresse répétée : les arbres poussent moins à cause du manque d'eau. Certains perdent de la vitalité ou meurent donc on voit aussi une augmentation de la mortalité en forêt".

Le rôle majeur des propriétaires privés

Compte tenu de toutes ces données, la forêt peut-elle répondre à un besoin accru de bois, que ce soit dans les domaines de la construction ou de l'énergie ? Selon François Morneau, la réponse dépendra des propriétaires privés, qui détiennent 60% de la surface forestière européenne. 

"Chacun a une vision de la forêt, et donc l'enjeu est de mobiliser cette forêt privée pour des forêts plus durables et une possibilité de bois plus durable aussi".

Vaste sujet que celui de la forêt avec ses différents enjeux et multiples acteurs. Tous doivent pourtant trouver un équilibre pour faire en sorte que cette forêt soit plus résiliente à l'avenir. 

Nicolas Lefèvre