Publié le vendredi 14 janvier 2022 à 16:27 - Mis à jour le vendredi 14 janvier 2022 à 17:34 Libramont
Depuis un an à Libramont, des citoyens apportent une aide humanitaire à des migrants en transit. Actuellement hébergés dans les caves du presbytère, les quatre hommes originaires du Soudan devront retourner sous tente dans une sapinière, dès le printemps prochain, sans solution d'ici là.
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Une sapinière à hauteur de Neuvillers... Une de plus en bordure de E411, devenue depuis plusieurs mois déjà, un point de passage pour migrants en transit.
Alertés début 2021 par le collectif Escal à Neufchâteau, Marie-Claude Pierret et Francis Rosillon ont découvert le drame humanitaire. Deux-trois sacs de couchage, des restes de nourriture et des déchets éparpillés témoignent de la présence.
"Nous avons tenté d'entrer en contact avec eux, mais c'était compliqué. Ils avaient peur et se cachaient. Nous nous sommes alors rendus en gare de Libramont avec un peu de soupe et la relation de confiance s'est installée."
Rapidement un collectif a vu le jour, ColLibri. Avec l'aide de la commune, ses membres ont d'abord nettoyé le terrain, puis monté un abris de fortune : quelques bâches bleues accrochées aux arbres, des cartons au sol, deux lits de camp. Et une malle avec des couvertures.
Chaque soir, l'espoir de rejoindre l'Angleterre
Séjournent dans cette sapinière, trois-quatre soudanais, parmi lesquels Malik, 22 ans, et Adam, 36 ans. Ils ont quitté le Darfour, traversé la méditerrannée en bateau de fortune et sont arrivés en Belgique, l’un via Marseille et Calais, l’autre via la Turquie, la Grèce, et de multiples allers-retours à pieds, entre la Bosnie et la Croatie... Leur objectif : embarquer discrètement à bord d’un poids lourds et tenter de rejoindre l’Angleterre.
"Tous les soirs on se rend vers le parking et on essaie d'embarquer dans un poids-lourd en espérant rejoindre l'Angleterre. Mais c'est compliqué, dangereux et difficile. Parfois on arrive à monter, et on attend jusqu'à sept heures sans bouger, dans le froid, avant d'être repéré. Souvent ça se passe bien, mais je connais des amis qui se sont fait tabassés par des chauffeurs en colère. C'est dur."
Une cave, le temps de l'hiver
La situation s'est durcie avec les rudesses hivernales. Le collectif et la commune se sont démenés pour trouver un abris en dur. Quelques jours à Neuvillers, dans le local du patro mis à disposition par le mouvement de jeunesse, puis dans les caves du presbytère, où les ouvriers communaux ont installé une douche et procédé à quelques aménagements.
La solidarité au jour le jour
Chaque soir, des bénévoles de ColLibri se relaient au presbytère. "Aujourd'hui nous sommes une quinzaine, et beaucoup de Libramontois, des citoyens, des commerçants, nous offrent des dons, en nourriture, en jeux..." explique Coralie Cisiak.
"Sachant ce qui se passe à nos portes, je ne pouvais pas rester sans rien faire"
Autant de gestes qui touchent Malik et Adam : "Nous remercions tout le monde. Ici nous pouvons nous réchauffer, manger chaud, nous laver et sécher nos vêtements. Nous y restons la journée, et le soir venu, vers 23h, nous reprenons le chemin vers la sapinière et le parking."
Avec l'espoir de ne plus revenir...
A nouveau sous bâches au printemps ?
Si tous, ici, on apprit à vivre au jour le jour, l’inquiétude grandit dans les esprits… Dès le retour du printemps, ces migrants en transit et l’association devront libérer la cave, comme le prévoit l’accord avec la commune. Ces hommes s’en iront retrouver leurs bâches et abris de fortune dans les bois.
A moins qu’une solution pérenne n'aboutisse d’ici là… comme il en existe à Neufchâteau, Habay et Aubange.