Publié le mercredi 20 mars 2024 à 16:38 - Mis à jour le mercredi 20 mars 2024 à 17:00 Arlon - Marche-en-Famenne - Neufchâteau - Province
Plus de personnel, plus de numérisation, plus de respect des décisions de justice, voilà ce que réclament les magistrats, avocats et greffiers de la province de Luxembourg. Ceux-ci se sont mobilisés ce mercredi pour faire entendre leurs revendications. "Une question, non pas de confort, mais de survie", comme nous avons pu l'entendre à Neufchâteau.
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Une justice accessible à tous grâce au respect des cadres et à la diminution de la charge de travail, c'est ce que souhaitent les magistrats, avocats et greffiers de la province de Luxembourg. Ceux-ci dénonçant les congés maladie et mutations comme la conséquence du malaise ambiant ressenti au sein des palais de justice.
"Le pouvoir politique, depuis de nombreuses années, nous invite à fournir des chiffres", explique Carine Thomas, présidente du tribunal de première instance du Luxembourg - division Neufchâteau. "Nous avons fait appel à une société indépendante qui a pu démontrer, à travers une étude qui a été réalisée sur de longs mois, que si les magistrats travaillaient normalement sans les nombreuses heures supplémentaires actuelles, il faudrait au minimum 40% de magistrats supplémentaires en Belgique pour une justice de qualité".
Des retards à répétition
Des avancées sont toujours attendues en matière de numérisation. Cas concret récent : un dossier du tribunal de la famille de Neufchâteau n'était pas consultable à distance. L'avocat et son client ont donc été contraints d'aller au greffe pour finalement se rendre compte que la version papier n'existe pas. Aucun ordinateur n'est d'ailleurs mis à disposition.
"C'est très bien qu'on sollicite le terrain pour avancer, mais les applications ne sont pas totalement opérationnelles", constate Laurent Bodet, greffier en chef du tribunal de première instance du Luxembourg. "Ce qui fait beaucoup de retard, des signatures électroniques qu'on attend ou encore la base de données des jugements et des arrêts. Il y a énormément de chantiers en cours, mais les plus importants ne sont pas finalisés".
"L'exécution des décisions de justice est facultative"
Ces revendications, en termes de moyens humains et techniques, avaient déjà été formulées il y a cinq ans, mais d'autres ont fait leur apparition. À savoir l'exécution des décisions de justice jugée facultative.
"Le principe de l'Etat de droit, c'est que l'Etat lui-même respecte les règles qu'il édicte", poursuit Carine Thomas. "Et à partir du moment où l'Etat se permet de ne pas respecter les décisions de justice, c'est évidemment un message bien négatif lancé aux justiciables et à tous les citoyens à qui on demande de respecter les décisions qui les concernent".
La bonne exécution des décisions permettrait de rétablir un lien de confiance entre la justice et les citoyens. Un lien dont le personnel judiciaire constate désespérément l'érosion.