Economie

Large soutien pour Billy, Mariam et Ernest, travailleurs menacés d'expulsion

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 Publié le jeudi 13 juillet 2023 à 16:01 - Mis à jour le jeudi 13 juillet 2023 à 16:25    Arlon - Province

Mobilisation ce mercredi soir à Arlon en faveur de Mariam, Billy et Ernest, trois demandeurs d’asile, menacés d’expulsion alors qu’ils sont sous contrat de travail depuis trois à quatre ans dans des métiers en pénurie.


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Mariam Traoré a fuit la Côte d'Ivoire en raison de son orientation sexuelle. Arrivée en Belgique en 2018 elle a passé quatre années au centre Croix-Rouge à Stockem, est aujourd’hui résidente arlonaise, mais vient de se voir refuser sa demande d’asile et risque à tout moment l’expulsion. "Même si je suis fatiguée par mes journées de travail, je n'en dors plus. C'est épuisant. A chaque instant on se demande ce qui va arriver". La jeune dame n’est pas la seule à vivre dans la peur du lendemain. Voici un mois, nous avions déjà rencontré Billy Sacko et son employeur Benoit Lejeune, à l'origine d’une pétition qui dépasse les 5000 signatures. Réconfortant, mais pas assez que pour atténuer la crainte de voir débarquer la police, comme ce fut le cas voici quelques jours avec Ernest sous contrat dans la société Weigert à Gouvy. "Madame Weigert m'a téléphoné en pleur. Cela va au-delà de la simple relation de travail. Il faut continuer à se mobiliser", lance Benoît Lejeune.

Sous contrat régulier, et en situation irrégulière… Ernest, Mariam, Billy sont les visages pour des centaines d’autres  qui subissent le surréalisme à la belge. "Nous sommes des entrepreneurs et nous ne faisons pas de politique. Mais Madame Traoré travaille chez nous depuis deux ans et ne ménage pas ses efforts. C'est une belle personne, courageuse, appréciée de ses collègues et des familles chez qui elle se rend. Si on ne peut pas en Belgique accueillir des personnes comme elle, qui s'insèrent, qui parlent notre langue, qui paient leurs impôts, je ne sais pas qui on peut accueillir..." se demande Gatien Laloux, directeur de la société de nettoyage XLG. "On sait que les métiers de la construction connaissent une grande pénurie de main d'oeuvre. Et ici nous avons les exemples de travailleurs motivés, qui ont suivi des formations, qui forment d'autres personnes à leur tour et à qui on refuse de donner leur chance", relève François Cloos, directeur de Embuild Luxembourg. "La situation est totalement absurde, dénonce Amélie Rodriguez pour la CSC, la région wallonne investit dans ces travailleurs en les formant, mobilise des agences d'insertion pour aller screener les compétences des demandeurs d'asile  et au final, cet argent ne sert à rien, puisqu'ils doivent rentrer dans leur pays". 

Face à la radicalité du fédéral en matière d’asile, le syndicat enjoint le gvt wallon à prendre les devants, lui qui a le pouvoir de délivrer des permis de travail pour les métiers en pénurie.  L’avenir en Belgique de  Mariam, Ernest et Billy ne tient qu’à un fil. Un fil qui se renforce tout de même à mesure que la mobilisation s’élargit…


Christophe Thiry