Elles n'en peuvent plus et l'ont fait savoir ce matin à Bastogne : les aide-ménagères ont fait mousser les vitrines des entreprises de titres et services. Une action syndicale pour réclamer de meilleures conditions de travail à l'heure où les prix du carburant sont toujours très élevés. 

Une action syndicale à grands jets de mousse. Qu'importe la pluie, qu'importe le vent, les aide-ménagères ont sorti raclettes et produits d'entretien pour nettoyer les entreprises de titres et services dans tous les sens du terme. Et ce, selon Loretta Tamietto, à défaut de pouvoir faire le plein :

"Je dépense 340 euros par mois pour aller travailler et je suis défrayé de 90 euros. J'habitais Nassogne et je suis partie en province de Namur pour avoir moins de frais de déplacement pour aller travailler".

Plus de 10% du salaire pour les frais de déplacement

Une situation qui n'est plus tenable nous dit-on : une aide-ménagère déduit près de 200 euros par mois en moyenne de son bas salaire pour son plein de carburant, la privant parfois de soins alors que cela s'avère nécessaire. Les syndicats appellent donc les entreprises à prendre en charge les frais de déplacement, du moins en bonne partie, rappelant que le secteur des titres et services est le seul à ne pas avoir conclu d'accord sectoriel pour la période 2021-2022. Sylviane Arnould, secrétaire régionale CSC Alimentation et Services :

"Ici, les négociations sectorielles sont complètement bloquées. Les employeurs partent du principe qu'il n'y a pas d'argent, or des dividendes sont redistribués aux actionnaires de manière scandaleuse et, je le rappelle, avec de l'argent public car c'est un secteur qui est subventionné par les Régions".

Des syndicats trop gourmands ?

Dans un communiqué, la Fédération des prestataires de service expliquait, fin 2021, que les syndicats se montraient intransigeants et peu constructifs. Une augmentation des salaires aurait été promise et ce, malgré une marge financière minime. Des engagements trop faibles aux yeux des syndicats qui attendent un accord global sur la qualité du travail en termes d'organisation et de remplacements. Sébastien Dupanloup, secrétaire fédéral pour la FGTB Titres-Services :

"C'est un secteur où il y a une forte pénibilité et un taux d'absentéisme énorme. Ce sont des dames qui ont beaucoup de troubles musculo-squelettiques et, quand vous faites ça en plus 8h par jour, c'est normal qu'elles souhaitent une dignité. C'est d'ailleurs pour cela que le système des titres et services avait été créé".

Ce jeudi matin, la police est finalement intervenue pour mettre fin à l'opération. La FGTB en particulier nous a néanmoins annoncé que d'autres actions auraient lieu prochainement si aucune avancée concrète n'est constatée.

Nicolas Lefèvre