Publié le mercredi 22 novembre 2023 à 16:14 - Mis à jour le mercredi 22 novembre 2023 à 18:16 Sainte-Ode
Un loup est-il à nouveau de passage dans la province ? Nouvelle attaque (supposée) de loup hier et aujourd'hui à Amberloup. L'agression a touché un troupeau d'une centaine de bêtes. 5 sont mortes. Le DEMNA est descendu sur place pour faire les analyses nécessaires.
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En arrivant dans sa prairie sur les hauteurs d'Amberloup, hier matin, Yonah Baclin a directement aperçu 4 brebis gisant sur le sol. "Une a été égorgée, 2 sont mortes de leurs blessures et la quatrième d'une crise cardiaque due au stress", nous explique l'éleveur. "Et cette nuit, j'ai à nouveau retrouvé une brebis morte égorgée".
Cet élevage, c’est le projet de vie de Yonah Baclin. En 2016, il a repris le petit troupeau de sa maman. D’une cinquantaine de brebis, son cheptel en compte aujourd’hui 350 destinées à la consommation de viande. C'est ainsi qu'une centaine de brebis pâturaient encore dans sa prairie jusqu'à ce matin et ont été la proie d'un prédateur. "On a déjà eu des attaques de chiens, mais là c'était beaucoup plus violent", précise l'éleveur.
À ce stade, l'attaque d'un loup, 2 nuits d'affilée, est supposée, mais doit encore être confirmée par des analyses ADN. "La levée de peau sur l’attaque de cette nuit nous montre une blessure profonde à la gorge et nous fait penser à une attaque de loup, les différentes morsures sur les parties postérieures aussi, mais ce n'était pas aussi évident sur les brebis analysées hier, nuance Vinciane Schockaert, experte au DEMNA. Ce sont les analyses ADN, qui permettront de l’affirmer."
Un loup de passage ?
Ces analyses ADN permettront également de connaitre la lignée de ce supposé loup. En effet, cette fin d'automne correspond à la période de dispersion des loups, qui quittent le territoire parental en recherche d’un nouvel endroit où s’établir. "Ils viennent peut-être de Basse-Saxe ou de Rhénanie-Palatinat ou de France et ils vont traverser des territoire pendant parfois des centaines de kilomètres. En général, ils parcourent 30 à 40 km par jour, donc si l’attaque d'un loup est confirmée ici, il est peut-être déjà très loin."
Le loup fait partie de ces animaux protégés dont la Wallonie encourage la réinstallation, tout en veillant à la cohabitation avec les éleveurs de moutons, par exemple. Le suivi de ces individus est donc important pour les scientifiques pour connaître les endroits où ils s’établissent et mettre en place des mesures éventuelles pour les éleveurs. "Les éleveurs à 30 km alentours peuvent rentrer leurs bêtes la nuit par précaution, mais il est difficile de prévoir où il se trouverait actuellement et inutile de prendre des mesures drastiques à ce stade", regrette la spécialiste. "À titre d’exemple, l’an dernier, une dizaine de loups ont traversé le territoire et ont été identifiés, mais n'ont fait que passer sans s'établir"
Une indemnisation en cas d'attaque avérée de loup
Ce matin, Yonah Baclin a pris la décision de rentrer toutes ses bêtes à l'étable. "Je vais déjà les passer aux rations hivernales. Ce n'était pas prévu, je pensais les laisser encore un mois dehors, mais je ne veux pas prendre le risque de les laisser une nuit supplémentaire dehors. Je sais que je serai certainement indemnisé pour ces 5 bêtes, mais on ne se rend pas compte de tout l'investissement qu'il y a derrière. On a déjà un contexte agricole qui n'est pas facile. Aujourd'hui, on est confronté à ça en plus, sans trop de solution pour le moment à part une indemnisation", regrette le jeune homme, dépité.
L'éleveur sera en effet indemnisé si l’attaque d’un loup est avérée par les analyses ADN ou si le doute persiste. En attendant, il portera une attention particulière à la dernière brebis, survivante de l’attaque de la nuit précédente.