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Vaux-sur-Sûre: les agriculteurs ont rencontré le ministre Willy Borsus pour avoir des certitudes

Vaux-sur-Sûre: les agriculteurs ont rencontré le ministre Willy Borsus pour avoir des certitudes
 Publié le samedi 03 fevrier 2024 à 17:56 - Mis à jour le samedi 03 fevrier 2024 à 18:32    Vaux-sur-Sûre

Ce samedi, les agriculteurs qui ont manifesté ces derniers jours à Villeroux (Vaux-sur-Sûre) ont rencontré le ministre de l'agriculture Willy Borsus. Ils voulaient, entre autres, des certitudes.


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 Christian Son, agriculteur et représentant de la délégation, a d'abord demandé à Willy Borsus que toutes les sociétés de grande distribution soient présentes autour de la table lors de la réunion de vendredi prochain entre les syndicats agricoles et les ministres. "S'il manque ne serait-ce qu'un seul distributeur, ce sera déjà mal parti, explique Christian Son. S'il en manque un, c'est le premier qu'on ira visiter. C'est une condition intransigeante que l'on donne."

Les agriculteurs ont ensuite réclamé un prix rentable sur leurs produits. "Les secteurs du lait et de la viande sont deux secteurs importants, dit encore Christian Son. L'idée générale est d'augmenter nos prix de 1€, sachant qu'au niveau viande, un citoyen consomme entre 6 et 8 kg par an, ce qui fait 6 à 8€ d'augmentation. Ce qui n'est quand même pas beaucoup. Pour le lait, le consommateur en consomme environ 50 litres par an. Le producteur demande une augmentation de 15 cents, ce n'est rien du tout et on en fait une montagne." Et pour ajouter des chiffres à leurs propos, certains lancent: "Entre 2005 et 2015, la viande bovine a fait +25% dans les grandes surfaces tandis que chez les agriculteurs, elle a fait -15% sur la même période. En 2023, elle a encore augmenté de 10% dans les grandes surfaces. Voilà pourquoi le nombre d'agriculteurs diminue." Pour leur répondre, le ministre Willy Borsus a expliqué vouloir mettre en place une loi, à l'image de la loi Egalim en France, qui consiste à fixer un prix minimum de paiement au producteur.

Les agriculteurs ont également exprimé leurs craintes quant à l'auto-suffisance alimentaire de la Wallonie et de l'Europe. "En Europe, nous sommes en auto-suffisance alimentaire à hauteur de 1%, explique l'un des agriculteurs autour de la table. C'est ce pourcent là qui fait que le prix du lait ne remonte pas. En Wallonie dans le secteur viandeux, nous perdons 55 000 bêtes par an et c'est constant. A ce rythme là, dans 20 ans, il n'y aura plus d'élevage alors qu'en 1990, on comptait 3 200 000 bêtes.

Toute la question de la surproduction est également ambigüe pour le secteur agricole, et les manifestants l'ont fait savoir, en citant la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). "Il faut qu'on nous explique comment augmenter nos revenus avec moins de bêtes à l'hectare alors que le problème de la terre est là", continue Christian Son. "Pour améliorer le bilan environnemental, on nous dit qu'il faut intensifier notre production alors qu'au niveau des lois, on nous dit le contraire. Trop de règles empêchent que ça fonctionne, dit l'un de ses confrères. Avec toutes ces normes environnementales, les agriculteurs vont préférer être en dehors de la PAC plutôt que dedans." Les exemples fusent, à l'image d'un producteur laitier qui a produit 1800 litres de plus l'an dernier pour gagner 18 000€ de moins. "C'est le chat qui se mort la queue, reprend une personne autour de la table. Vu que le prix baisse, nous sommes obligés de produire plus mais on gagne moins." Des chiffres que le ministre Willy Borsus a jugés "éclairants".

Les agriculteurs, qui ont affirmé que bloquer des centrales de distribution ne relevait pas de l'amusement, souhaitent également de la transparence vis-à-vis du consommateur. L'idée d'afficher les coûts de la production et de la transformation sur les étiquettes de leurs produits a été avancée. 

Les agriculteurs présents à Vaux-sur-Sûre ce samedi venaient de partout dans la province, Gouvy, Houffalize, Habay ou encore Bertrix. D'autres venaient de plus loin, de la commune de Waimes en province de Liège. "La réunion est restée courtoise, termine Christian Son. Les agriculteurs voulaient des garanties quant à la réunion de la semaine prochaine. Le ministre de l'agriculture est notre interlocuteur de proximité au niveau de la Wallonie, nous voulions savoir de quelle manière il comptait s'y prendre. La réunion a été très constructive, nous avons la même vision des choses. Nous n'avons plus le choix que de rentrer dans certains débatsSi la grande distribution ne vient pas autour de la table vendredi prochain, nous prendrons certaines dispositions." 

Après avoir apporté son écoute, le ministre Willy Borsus s'est rendu au dépôt de Lidl à Aye, afin de rencontrer les manifestants marchois.


Jordane Meyer