Les têtes de listes socialistes se sont dévoilées en vue des prochaines élections législatives du 9 juin 2024. Et, surprise, l’actuelle députée fédérale Mélissa Hanus conduira la liste à la Région. Le député wallon Philippe Courard emmènera celle à la Chambre.

Alors que la partition semblait écrite, le PS Luxembourg se lance dans un jeu de chaise musicale. En juin prochain, Mélissa Hanus quittera Bruxelles et le fédéral, pour Namur et la Région. Philippe Courard prendra le chemin inverse. Pour couper court à toute cacophonie, les deux futures têtes de liste se sont fendues d’un bref communiqué commun, officialisant ce que nos confrères de L’Avenir ont éventé ce mercredi matin.

Ce "switch", d’un coup de baguette, en aura étonné plus d’un, au sein même du parti. “Une surprise”. “Je m’étonne”.  “Je ne comprends pas”... Les quelques réactions que nous avons recueillies vont dans le même sens. D’autant plus que les listes étaient en cours de constitution, et que certains mandataires avaient déjà été approchés. “Il faudra voir ce qui va se passer, quels changements apporter, selon quelle répartition”, glisse un mandataire. “Il faudra gérer des déceptions”, avance un autre. Et même si la date du prochain comité fédéral n’est pas encore fixée, “on l’attend”, débat il y aura. Mais à l'abri des regards… 

"Une décision commune"...

Car officiellement, la nouvelle donne -Mélissa Hanus à la Région, Philippe Courard au Fédéral- est “un choix conjoint (qui) s'inscrit avant tout dans une volonté commune de faire le maximum afin d'obtenir le meilleur score possible aux élections et de porter un projet socialiste ambitieux pour les Luxembourgeois”, insiste le communiqué.
Au téléphone, Philippe Courard s'en tiendra au nouvel objectif à relever et "à l'enjeu communautaire d'importance qui se profile". Pas beaucoup plus de commentaires chez Mélissa Hanus qui espère néanmoins apporter  à la Région, "l'expérience acquise au fédéral pendant cinq ans".

... aux raisons encore floues

En interne, comme de l'extérieur, les raisons profondes de ce changement de stratégie restent toutefois assez floues.
Maintenir les deux sièges ? Tant au fédéral qu’à la région, les deux élus socialistes ne sont pas menacés.Gagner des sièges supplémentaires ? Cela semble presque irréalisable au fédéral, tant l’écart est grand avec les deux premiers partis, le MR et Les Engagés.
C’est en revanche jouable à la Région, pour autant que le PS (19,6%) creuse l’écart avec Ecolo (14,7%) et lui chipe le sixième siège dévolu au Luxembourg. Un bel enjeu pour la gaumaise Mélissa Hanus qui se retrouvera très probablement face à un autre gaumais, l'actuel député wallon Jean-Philippe Florent. 

Des conséquences pour les prochaines communales

Le switch n’est pas sans conséquence non plus, en vue des prochaines communales.  Voici peu, alors qu’il pensait se représenter au parlement wallon, le Hottonais avait annoncé qu’en cas de majorité absolue sur sa commune, son objectif, il choisirait la commune plutôt que la région. Élu au fédéral, où le cumul des deux mandats reste autorisé sans restriction, Philippe Courard se retrouve en position confortable pour briguer un double mandat de député-bourgmestre. 

Il en ira autrement pour Mélissa Hanus. Pour conserver son place d’échevine à Etalle, la candidate devra performer aux élections régionales et faire partie du quart des élus socialistes wallons ayant obtenu le plus haut taux de pénétration (qui se calcule en divisant le nombre de votes nominatifs obtenus par l'élu, par le nombre de votes valables exprimés dans sa circonscription électorale).

Résultats à la Chambre (2019)

Résultats à la Région (2019)

(sources : belgium.be)

Christophe Thiry