Publié le mercredi 09 octobre 2024 à 19:00 - Mis à jour le mercredi 09 octobre 2024 à 19:09 GDL
Au Luxembourg, le prince Guillaume, en prêtant serment à la Chambre des députés, est officiellement devenu mardi “lieutenant-représentant”. Le grand-duc Henri, s’il reste le chef de l’Etat, délègue ainsi certains de ses pouvoirs à son fils et franchit la première étape vers une abdication qui devrait avoir lieu dans les années à venir.
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Au Luxembourg, la passation de pouvoir entre le grand-duc Henri et son fils, le prince Guillaume, a officiellement débuté. Le grand-duc héritier, à l’issue de sa prestation de serment mardi 8 octobre devant l’ensemble des députés réunis à la Chambre, a de fait accédé à la fonction de “lieutenant-représentant”, qui permet au fils d’assumer les fonctions de chef d’Etat en tant que représentant lorsque son père lui en délègue le pouvoir.
Le grand-duc Henri avait déjà annoncé cette décision lors de la fête nationale, le 23 juin dernier, à la surprise générale. “C’est avec tout mon amour et toute ma confiance que je lui souhaite bonne chance”, avait-il alors déclaré.
La lieutenance, une tradition luxembourgeoise
Il ne s’agit toutefois pas d’une abdication: le grand-duc Henri reste pour le moment le chef de l’État. Mais “la désignation du lieutenant-représentant intervient traditionnellement dans le processus de changement de règne”, explique la Cour grand-ducale.
De fait, cette tradition des lieutenances, peu répandues en dehors du Luxembourg, prend ses origines dans une période où le grand-duc était en même temps roi des Pays-Bas et avait besoin d’un représentant sur le territoire du Grand-Duché. Elle fut ensuite inscrite une première fois dans la Constitution du pays en 1841, avant d’être introduite dans la Constitution actuelle lors de la récente réforme de 2023 “afin de garantir la pérennité de cette tradition” et d’encadrer la procédure, en introduisant notamment la prestation de serment devant la Chambre.
copyright: Chambre des députés
Une décision mûrement réfléchie
Depuis la moitié du XIXe siècle, elle fut utilisée à cinq reprises dans le cadre de la passation de pouvoirs du grand-duc, et notamment en 1998, deux ans avant que l’actuel chef de l’État, Henri, succède à son père, le grand-duc Jean, en octobre 2000.
24 ans plus tard, Henri, qui fêtera ses 70 ans en avril prochain, prépare donc sa succession en recourant à la même coutume que ses aïeux, alors que son fils Guillaume, à 42 ans, a le même âge que celui qu’il avait lorsqu’il a accédé à la même fonction. Une décision par ailleurs mûrement réfléchie, “planifiée à quatre depuis des années”, avec la grande-duchesse Maria-Teresa et la princesse Stéphanie, a précisé le prince Guillaume dans une interview accordée aux radios RTL et 100,7 et publiée sous forme de podcast ce mardi.
Vers une transition relativement courte
Combien de temps cette période de transition durera-t-elle? Aucun délai n’est fixé, mais les lieutenances précédentes,à l’exception de la première qui avait duré 30 ans (de 1850 à 1879), se sont étendues sur des périodes ne dépassant pas quatre années. On peut donc s’attendre à une abdication du grand-duc Henri dans les années à venir, d’autant plus que celui-ci a assuré vouloir une transition relativement courte.
D’ici là, ce dernier continuera d'assumer la responsabilité de se rendre aux grands événements, tels que les visites d’Etat ou les échanges internationaux, ont précisé le père et le fils dans l’interview précitée. Et si le prince Guillaume dirigeait déjà les missions économiques du pays, il prendra en charge d’autres tâches, telles les accréditations des ambassadeurs ou la signature des décrets.
Une modernisation de la Cour en perspective?
Le moment est en tout cas “idéal”, selon le prince Guillaume qui, s’il reconnaît ne pas vouloir révolutionner le fonctionnement de la Cour, entrevoit “une marge de progression en matière de modernisation”. Le comité de direction de l’administration grand-ducale, dont le Maréchal de la Cour, devrait d’ailleurs être modifié avec son accession à la lieutenance.
Décrit comme une personnalité discrète mais extrêmement courtoise, déjà préparé au rôle qui l’attend, le prince Guillaume est le fils aîné d’une fratrie de cinq enfants. Il a deux fils, le prince Charles (quatre ans) et le prince François (un an), qu’il a eu avec la comtesse Stéphanie de Lannoy, mariée en 2012, elle-même issue d'une des plus anciennes maisons nobles de Belgique.
Pierre Pailler