Les bâtonniers du pays étaient en visite dans les prisons ce mercredi. La loi les y autorise depuis peu. Et ce n'est pas un hasard si la date du 10 décembre a été choisie. En cette journée internationale des Droits de l'homme, ils entendent alerter sur les conditions de détention des détenus et appellent à repenser le système carcéral.
N'étant pas autorisés à accompagner maître Deville au-delà de l'enceinte de la prison, c'est à l'issue de sa visite que nous la retrouvons. Ses constats convergent tous vers une réalité: celle de la surpopulation carcérale des établissements pénitentiaires. Et la prison de Marche-en-Famenne ne fait pas exception.
“La prison de Marche-en-Famenne compte actuellement 390 détenus, pour une capacité initiale maximale de 312 personnes qui a été augmentée à 350 de manière assumée”, confie Céline Deville, avocate et représentante du bâtonnier du Barreau du Luxembourg. “Certaines cellules trio sont passer à des cellules duo, mais la configuration des cellules de cette prison, relativement récente puisqu’elle date de 2013, ne permet pas de placer deux ou trois personnes dans des conditions humaines. Au point que certains détenus sont volontaires pour se rendre en cellule de punition afin d’avoir la paix”.
A cette surpopulation, s'ajoute une pénurie accrue d'agents, avec des conséquences concrètes notamment dans le quartier des femmes. “Quand des agents sont disponibles, on les affecte au quartier des hommes qui compte le plus de population et dans lequel il faut permettre l’organisation d’activités pour que tout se passe bien”, développe Céline Deville. “Les femmes se retrouvent donc reléguées du fait de cette pénurie d’agents.
Un appel au monde politique
Surpopulation et pénurie de personnel amènent aussi des problématiques de santé, mentale notamment. Avec cette action, les bâtonniers rappellent que les détenus méritent un autre régime de détention et appellent le monde politique à repenser l'entièreté du système carcéral belge.
“Construire plus de prisons ne résout pas le problème de la surpopulation”, estime Céline Deville. “ Il faut repenser les choses différemment, nous sommes en situation de crise. Il faut agir maintenant. Nos prisons sont des cocottes-minutes, après il sera trop tard”.
A Marche-en-Famenne, un arrêté pris par le bourgmestre devait ramener le nombre de détenus à un maximum de 350 pour le 30 novembre. Coup de pression manqué, puisque la population carcérale marchoise est toujours largement excédentaire.