Échevin des finances à Saint-Hubert, Pierre-Alexis Roland demandera, ce mercredi, à siéger comme indépendant. Une décision liée notamment à l'absence de mesures prises par le collège communal concernant un chef de service. Celui-ci fait l'objet de plaintes pour faits de violence, harcèlement moral et harcèlement sexuel au travail.
Ce lundi 1er septembre, à Saint-Hubert, se déroulait une réunion du collège communal à laquelle Pierre-Alexis Roland, élu en octobre 2024 sur la liste "Borq et Villages", n'a pas assisté. L'échevin ayant indiqué à des membres du personnel communal comment se constituer comme plaignants dans une affaire de harcèlement, il lui a été demandé de ne pas participer à l'audition du chef du service incriminé dont il réclamait le licenciement.
Néanmoins, à l'issue de la réunion, le collège communal n'a pas acté une telle sanction. "Les avocats de la ville doivent faire leur travail et procéder à d'autres auditions", nous a communiqué une source proche du dossier. La procédure suit son cours et la présomption d'innocence est bien évidemment de mise.
En désaccord avec le collège, Pierre-Alexis Roland a donc décidé de siéger comme indépendant, mais restera échevin comme le prévoit le code de la démocratie locale. Techniquement, le pacte de majorité n'est donc pas affecté.
"Je me suis engagé envers les citoyens sur la notion de respect", confie-t-il. "Or, ce problème de harcèlement où des victimes ne sont pas reconnues me choque profondément. On ne parle pas de ce qu’elles ont vécu".
12 plaignants
Le malaise est profond, a traversé plusieurs législatures et ne date pas de la prestation de serment de la majorité en place. Néanmoins, il se serait renforcé à l'arrivée de Didier Neuvens comme bourgmestre, nous confie-t-on. Une enquête pénale a été ouverte auprès de l'auditorat du travail.
Douze membres du personnel communal ont déposé plainte, accusant un chef de service de faits de violence, harcèlement moral et harcèlement sexuel au travail.
Plusieurs sources nous rapportent que le collège actuel minimiserait les faits.
"On évoque une manipulation de l’ancienne majorité. Je ne suis pas du tout d’accord, tout ce que je relate est assez grave que pour minimiser ça de cette façon", confie l'une d'elles.
Ne s'étant pas encore prononcé sur l'existence de tels faits, l'auditorat du travail de Liège somme néanmoins la commune de prendre des mesures pour veiller au bien-être de son personnel. Sa responsabilité pénale et/ou civile en qualité d'employeur pourrait être engagée si tel n'était pas le cas.
De son côté, le chef de service estime être victime d'une cabale et nous demande désormais de nous en référer à son avocat.
Le bourgmestre Didier Neuvens, lui, n'a pas donné suite à nos appels.
Une majorité chancelante
Il n'y avait pas besoin d'être un chroniqueur politique chevronné pour s'apercevoir que la tripartite constituée par Dynam'IC, Borq et Villages et Agissons Ensemble (9 sièges) au sortir des élections communales de 2024 face à CAP (8 sièges) ne tenait qu'à un fil.
Pour Pierre-Alexis Roland, l'absence d'une sanction ferme et définitive à l'égard du chef de service est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Il garde également en mémoire l'affaire des clôtures de l'aérodrome, un bourgmestre qui "règne en solitaire, ignorant tout de la collégialité qu'une bonne gestion communale impose".
Autre pierre d'achoppement, la modification budgétaire dont Pierre-Alexis Roland avait la responsabilité, mais dont il aurait été écarté. Or, la dernière modification en date a été recalée à deux reprises par le Centre Régional d'Aide aux Communes (CRAC). En cause : une trajectoire financière en berne au vu, notamment, du déficit du CPAS.
"On m'a évincé temporairement de mon échevinat des finances", déplore Pierre-Alexis Roland. "Ma responsabilité en tant qu’échevin est parfois court-circuitée par d’autres. Je n’ai plus suffisamment la maîtrise et ça me pose problème".
Si le pacte de majorité demeure juridiquement valable, il faudra néanmoins composer avec une majorité alternative.
"Je pars du principe que la majorité ne détient pas la vérité universelle, l’opposition peut avoir des arguments valables. Néanmoins, je tiens à préciser que je ne rejoins pas le groupe CAP. Les cartes sont dans les mains du bourgmestre et de la majorité actuelle pour agir autrement, mais je ne m'empêcherai pas de suivre, de m'abstenir ou de voter contre certaines décisions si elles ne correspondent pas à mes valeurs".
Si une majorité n'est pas atteinte, la commune se retrouverait bloquée dans l'avancement de ses dossiers.
Faut-il par ailleurs s'attendre à une motion de méfiance ? Un délai réglementaire de 18 mois de législature doit toutefois être respecté avant qu'une telle procédure puisse être introduite. La majorité a donc une dizaine de mois devant elle pour retrouver sa collégialité.