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Une réforme des provinces profitera-t-elle aux Luxembourgeois?

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 Publié le vendredi 12 juillet 2024 à 17:47 - Mis à jour le vendredi 12 juillet 2024 à 18:09    Province

MR et Engagés ont présenté jeudi 11 juillet leur accord de gouvernement pour la Wallonie. Parmi les projets évoqués, un tabou a été levé, celui de la suppression des provinces. En Province de Luxembourg, où l'on sent parfois l'éloignement des centre de décisions régionaux et fédéraux, l'idée est accueillie avec prudence.


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Souvent évoquée, jamais réalisée. Mais, cette fois-ci, les provinces ne devraient pas échapper à une profonde réforme. Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot semblent en tout cas effectuer des pas concrets dans cette direction. Les présidents du MR et des Engagés ont présenté ce mercredi leur accord de gouvernement wallon. Parmi le catalogue des mesures proposées, la refondation des institutions provinciales figure en bonne place.

L’objectif affiché est clair : rendre la structure des pouvoirs publics plus lisible et efficace. Ainsi, dès 2030, le conseil provincial serait remplacé par une assemblée des bourgmestres. Étape préliminaire à ce grand chambardement, les représentants provinciaux élus le 13 octobre 2024 devront faire part au gouvernement wallon des compétences que la province souhaite conserver.

 Plus d'élection directe, plus de levier fiscal luxembourgeois

Au lendemain de cette annonce, le big bang annoncé est loin de faire l’unanimité en Luxembourg. Point d'inquiétude majeur : la fiscalité. Aujourd’hui, la province a la capacité de lever l’impôt et d’utiliser ces recettes pour ses missions. A l’avenir, cette compétence devrait appartenir à la Région wallonne.

« De nouveau, on va centraliser les compétences et, comme d’habitude, le Luxembourg sera le parent pauvre », peste Stephan De Mul (PS), l’actuel président du Collège provincial.
« La région décidera de l’argent qu’elle donne à chaque province. Or, on sait que la province de Luxembourg reçoit toujours moins que ce qu’elle doit recevoir, alors qu’elle est confrontée à des problématiques rurales qui demandent plus de moyens »

Michel Jacquet (MR), dont le parti est pourtant membre de la future majorité, émet le même type de crainte : « Le travail de la province repose sur une taxation. Elle est payée par les Luxembourgeois et elle est réinvestie totalement en province de Luxembourg. Elle permet de faire fonctionner des organismes comme Idelux, Vivalia … Je vois mal la Région wallonne les financer, surtout au vu ses difficultés budgétaires. »

Coralie Bonnet (Les Engagés), membre de l’actuel collège provincial, se montre quant à elle plus optimiste, assurant que son parti veillerait à ce que « le Luxembourg soit écouté et respecté. »
Cet engagement peine cependant à convaincre les plus sceptiques, y compris au sein de son parti. « Les Luxembourgeois tiennent à l’institution provinciale », souligne Elie Deblire (Les Engagés), chef de groupe au Conseil provincial.

Une assemblée des bourgmestres pour remplacer le conseil provincial

Le bourgmestre de Vielsalm émet aussi des doutes sur les assemblées de bourgmestres qui devraient remplacer le Conseil provincial. « On manque déjà de temps. On le constate déjà aux réunions de la zone de secours », admet-il.

Stephan De Mul y voit aussi un affaiblissement de la province : « Le collège des bourgmestres ne sera qu’une somme des intérêts locaux. Il n’y aura pas de vision provinciale pour permettre le développement de projets sur l’ensemble de la province », regrette le socialiste. « Les 44 communes luxembourgeoises n’ont pas de grand pôle, elles doivent trouver le moyen de s’allier, que ce soit au sein de la province ou d’une autre institution », confirme le libéral Michel Jacquet.

Les élus luxembourgeois seront dès lors attentifs aux détails de cette réforme qui devraient être dévoilés au cours des prochains mois. Et s'ils souhaitent des garanties solides, ils n’auront néanmoins pas le dernier mot de l’histoire. L’accord conclu entre MR et Engagés prévoit en effet que « le futur visage des provinces fera l’objet d’une consultation populaire régionale. »