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Sterpigny : une statue en hommage aux victimes du V2

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 Publié le mercredi 20 septembre 2023 à 17:27 - Mis à jour le jeudi 21 septembre 2023 à 11:13    Gouvy

Le 8 septembre 1944, les deux premiers missiles "V2" allemands ont été lancés depuis le village de Sterpigny. Les Nazis visaient Paris. Le premier engin s'est écrasé, le second a atteint sa cible, faisant 6 morts. Le V2 a ensuite fait des milliers de morts. Cette semaine, le village se souvient de ces terribles moments


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En septembre 1944, l'armée allemande est en pleine panique et ne fait que reculer. Bastogne a résisté et les Alliés avancent à une vitesse folle. Le dernier espoir d'Adolphe Hitler ? Provoquer un électrochoc et lancer une contre-offensive dans la région de Bastogne/Gouvy/Baraque de Fraiture, et plus précisément du côté de la forêt de Sterpigny. C'est à l'orée du bois, jouxtant la route qui mène à Gouvy, que les chars allemands s'arrêtent pour y installer une "base", pour y faire décoller 2 fusées (NDLR: répertoriées 18589 et 18593). Ce sont les fameuses fusées V2, qui pouvaient être lancées de n'importe où, qui pouvaient atteindre environ 90/100 Kms d'altitude et qui avaient environ 300/350 Kms de portée. Une machine à tuer. D'autant qu'elle était pratiquement incontrôlable une fois en l'air. On ne savait pas vraiment où elle allait atterrir...

Sterpigny est donc l'endroit idéal pour attaquer la Ville de Paris et ses alentours car ici, il y a pas mal de sapinières et la région est encore moins fréquentée que Bastogne. Aujourd'hui, les Historiens nous rappellent la situation d'alors...

"A l'aube du 6 septembre, les dernières vérifications de leur équipement radio et gyroscopique sont réalisées et le pointage sur la cible 0303 (Paris) est encodé. Les réservoirs des fusées sont remplis : 3630 Kgs d'alcool éthylique et quelques minutes avant le décollage, ils sont complétés par 5 To d'oxygène liquide qui s'évapore rapidement. Le premier décollage a lieu vers 10h. Le moteur de la fusée se mit à frémir pendant 2 ou 3 secondes. L'engin resta lourdement sur la table de lancement. Le même phénomène se reproduira avec la seconde fusée. On vida ensuite le carburant des deux engins avant de les inspecter. Le décollage est ainsi reporté de quelques heures. En réalité, de deux jours"; faits relatés par Monsieur Lambert Grailet dans la revue Cercle d'Histoire SEGNIA,puis par Monsieur Robert Nizet, Historien et auteur de "Sterpigny dans la tourmente" 

Le 8 septembre, à l'aube, rebelote! Cette fois, pas question de rater et, las pour la population, ça fonctionne! Ce matin-là, un bruit terrifiant déchire le calme bucolique du village. Au Beuleu, 3 témoins assistent même au spectacle extraordinaire pour l'époque. Sans doute étaient-ils les premiers civils dans le monde à voir un tir de missile balistique sur le théâtre opérationnel. Parmi eux, André Wagen, 15 ans à l'époque. Aujourd'hui encore, il se souvient de ce moment (témoignage à découvrir dans ce reportage).

"Un grand boum, un bruit énorme (sic) ! On était en train de travailler dans le champs, on se demandait ce qui se passait. On a vu une fusée, avec une grande flamme derrière. Nous étions tous effrayés. Plus tard, on a compris qu'il s'agissait des fusées V2 ", explique-t-il aujourd'hui

Mais la première fusée ne fit pas long feu et s'était probablement désagrégée dans l'air. La seconde, lancée vers 11 heures, connu plus de réussite. A peine 5 minutes après son lancement, à plus de 120 Kms/heure elle explose dans le village français de Maison Alfort, dans la région parisienne, faisant 6 morts et 36 blessés. Au total, 6 000 personnes ont été victimes de ces V2 durant la guerre. Essentiellement des civils.  

Pour ne jamais oublier, un passionné d'Histoire, très connu dans la région de Bastogne, Robert Remacle, a décidé de sculpter une fusée en pierre et de l'exposer en permanence dans le manoir de son fils, Gauthier Remacle (NDLR: l'ancien joueur de football). Une statue en pierre, généreusement offerte. Pour cette inauguration, les édiles communaux et les représentants militaires de La Défense étaient présents. L'émotion était, comme souvent dans ce genre de commémoration, très vive. 


Laurent Trotta