Société

Chiny : il y a presque 14 ans, la population votait pour garder son réseau d'eau

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 Publié le jeudi 03 fevrier 2022 à 16:00 - Mis à jour le jeudi 03 fevrier 2022 à 17:08    Chiny

Dans quelques jours, les habitants de Saint-Hubert devront se prononcer au sujet de leur réseau d'eau.  Deux solutions : soit le vendre à la SWDE ou le garder en assumant l'entièreté des frais. En 2008, la commune de Chiny s'était retrouvée face au même dilemme. Quel bilan les autorités communales tirent-elles presque 14 ans plus tard ?


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Derrière cette porte, le captage de Lamouline, l’une des trois stations de la commune. Chaque jour, 3000 mètres cube d’eau jaillissent de cette source. En 10 ans, les équipements ont été rénovés et informatisés. De quoi simplifier la vie des fontainiers. Car à l’époque, en cas de fuite ou de coupure d’eau, l’information était transmise… à l’ancienne !

"Ah, bah c'était les gens qui nous sonnaient quand ils n'avaient plus d'eau ! C'était eux les alarmes ! Aujourd'hui, nous sommes prévenus avant que les gens ne se retrouvent sans eau. On peut réagir vite, c'est vraiment le jour et la nuit", explique Éric Laurent, le chef du service des travaux de la commune de Chiny.

Une belle réussite globale

Grâce aux efforts financiers de ces dernières années, la commune a optimisé le rendement de son réseau. Tous les réservoirs et captages sont interconnectés et contrôlables à distance. L’ordinateur central gère lui-même le réseau pour éviter les pénuries. 

"Le système se charge de ça et son temps de réaction est plus ou moins de 10 secondes. On ne ressent absolument aucune différence au niveau du robinet chez le particulier. Nous n'avons plus de panne, nous n'arrivons plus à des moments où les réservoirs se retrouvent à sec. Nous sommes prévenus directement grâce à plusieurs alarmes", ajoute Arnaud Duret, l'un des fontainiers de la commune.

Un vrai gain de temps pour les équipes, d’autant plus qu’à Chiny, la capacité de production est 2x plus élevée que la consommation annuelle. En d’autres termes, Chiny produit plus qu’elle ne consomme et pourrait même revendre ce surplus. Mais posséder son propre réseau, c’est aussi assumer toutes les dépenses onéreuses, relatives à son entretien, et sans l’aide de subsides. En 2008, la situation était bien différente. Le réseau de Chiny était mal en point et nécessitait de lourds travaux.

"Depuis la période d'après-guerre, on a eu très peu d'investissements et surtout depuis une dizaine d'années, là, on a eu aucun investissement du tout. Ce qui fait que nous avons des canalisations qui sont écrasées ou bouchées et qui ne permettent quasi plus le passage d'un filet d'eau. Donc, cela nécessite des investissements conséquents à effectuer", racontait le bourgmestre, Sébastian Pirlot, lors d'une interview dans notre JT en 2008.

Dilemme cornélien

Chiny se retrouve face à deux solutions : soit vendre son réseau à la Société Wallonne des Eaux pour 1.000.000 d’euros ou le garder et investir plus de 13.000.000 d’euros, sur fonds propres, pendant 30 ans. La décision, c’est la population qui l’a prise. À l’époque, 66% des citoyens s'étaient exprimés et 90% de ces votes se positionnaient en faveur du maintien du réseau. 14 ans plus tard, le bourgmestre Sébastian Pirlot constate que cela en valait la peine.

"C'était le bon choix. C'était effectivement très difficile, parce qu'il a fallu mettre ça en œuvre. Ce n'était pas évident, d'autant plus qu'à partir du moment où on garde un réseau d'eau communal autonome, on n'a plus accès aux subventions wallonnes. Donc, cela veut dire qu'il faut faire preuve d'imagination et puis qu'il faut aussi les moyens pour financer en fonds propres", précise le bourgmestre.

Un coût quasi identique au tarif de la SWDE

Certes, en plus de 10 ans, le prix de l’eau a augmenté à Chiny pour amortir les investissements, mais aujourd’hui, il tourne autour des 5 euros par mètre cube tout compris. Dans les détails, voici ce que cela donne. Pour la SWDE, le prix total se compose d’un coût vérité distribution (CVD) et d’un coût vérité assainissement (CVA), du fonds social de l’eau et de la TVA à 6%. À Chiny, on retrouve les mêmes postes. Le coût vérité distribution (CVD) revient à la commune, le coût vérité assainissement (CVA) reste identique pour tout le territoire wallon. Vienne s’ajouter le fonds social de l’eau, un peu moins cher et la TVA de 6%. Au total, le prix du mètre cube de la SWDE revient à environ 5,31 euros. Celui de Chiny s’élève à plus ou moins 5,39 euros. In fine, le choix effectué par la population semble porter ses fruits. Le bourgmestre reconnaît malgré tout que cela ne serait plus aussi simple aujourd’hui.

"Nous avons eu de la chance, car nous étions, à l'époque, dans une période où il n'y avait pas encore toutes les impositions budgétaires de la Région Wallonne. Si aujourd'hui nous aurions dû refaire ces investissements et bien nous aurions dû investir tout dans notre réseau d'eau au détriment des autres secteurs comme l'économie ou le tourisme. Je pense que les communes qui souhaitent effectuer la même démarche aujourd'hui vont devoir poser des choix clairs", termine Sébastian Pirlot.

La consultation débute bientôt à Saint-Hubert

Et notons que le dossier de Saint-Hubert sera présenté au prochain conseil communal, le 10 février. Ce feuillet explicatif sera ensuite distribué à la population qui pourra consulter les documents relatifs au réseau d’eau à l’hôtel de ville. Les citoyens hubertins devront déposer leur bulletin de vote à la maison communale entre le 7 et le 11 mars. Un centre de vote sera également installé dans certains villages le 13 mars.

Un taux de participation de 10% de la population est nécessaire pour pouvoir procéder au dépouillement. Le résultat de ce sondage passera ensuite au conseil communal au plus tard au mois d’avril.

 


Nicolas Guidi