Environnement

Pollution à Marbehan : interdiction de pêche sur une partie de la Semois et ses affluents jusqu’au 1er juin

video loading
loading video
 Publié le jeudi 15 fevrier 2024 à 11:02 - Mis à jour le vendredi 16 fevrier 2024 à 12:35    Province

L’ouverture de la pêche sur la Mellier, la Rulles et une partie de la Semois est reportée au 1er juin. Suite à la pollution aux huiles de transformateurs d’Infrabel sur la Mellier à Marbehan, le ministre wallon Willy Borsus applique le principe de précaution. Les premiers résultats ne sont pas bons.


Newsletter

Recevez notre newsletter pour ne rien manquer de l'info, du sport et de nos émissions


Fixée au samedi 2 mars, soit deux semaines en avance par rapport au calendrier habituel, l’ouverture de la pêche est reportée au 1er juin sur la Mellier, en aval de la pollution ; puis par ricochet sur la Rulles, en aval du confluant avec la Mellier ; et sur la Semois, en aval du confluant avec la Rulles. La décision vient d’être prise par le ministre wallon Willy Borsus (MR) en accord avec la fédération halieutique et piscicole du sous-bassin Semois-Chiers (FHPSBSC). "Les premiers résultats que nous avons reçus ne sont pas bons. Nous n'avons pas d'autres choix que de suspendre la pratique de la pêche", nous confirme la porte-parole du ministre Borsus, actuellement en réunion européenne. "Une task-force est mise en place et évalue en ce moment toutes les implications possibles". Cela concerne les activités piscicoles, mais aussi agricoles, touristiques, voire économiques...

L’interdiction concerne un linéaire de 9 km sur la Mellier, 6 km sur la Rulles, sur la Semois 69 km en première catégorie et 85 km sur les voies hydrauliques (carte ci-dessous). Notons que le rempoissonnement est également interdit depuis ce jour dans ces cours d’eau.

« Il est impossible à ce jour de connaitre l’étendue et l’ampleur exactes de cette pollution. C’est pourquoi, je dois prendre – à contre cœur – la décision d’interdire la pêche sur les cours d’eau (et parties de cours d’eau) susceptibles d’être contaminés.
La situation sera ré-évaluée fréquemment afin de prendre les décisions nécessaires et adaptées. Pour rappel, la fédération de la Semois est la plus importante en nombre de pêcheurs. Je me tiens à l’écoute de la fédération de la Semois et des sociétés de pêche frappées par cette situation particulièrement dommageable et je les rencontrerai très prochainement.
 »
Willy Borsus, ministre wallon

Une semaine après la pollution sur la Mellier, les analyses complètes des échantillons sont toujours en cours à l’ISSeP et les résultats finaux détermineront l’ampleur de la gravité. Mais à ce stade, le ministre Borsus n’entend prendre aucun risque et applique ici le fameux principe de précaution. La mesure concerne 50 sociétés de pêche et 6500 pêcheurs.

L'inquiétude des sociétés de pêche

Voilà qui devrait répondre aux nombreuses questions que se posent les sociétés de pêche du sud-Luxembourg que nous avons contactées depuis le début de la pollution : réempoissonner ou non ? Ouvrir ou pas ? Imposer le no-kill ? …

Car si la pose de barrages a été plutôt rapide une fois la pollution identifiée, et que d’imposants moyens ont été engagés par Infrabel pour pomper les huiles contenues en surface, des volumes se sont bels et bien déversés dans la Mellier. La force du courant et les volumes d’eau ont évidemment dilué la pollution, mais ils l’ont aussi portée plus loin en aval. Et les poissons, eux, n’ayant pas de barrières, descendent et remontent le courant à leur gré, passant d’une rivière à l’autre, de la Mellier, à la Rulles, à la Semois…

La dépollution se poursuit

Pendant ce temps, la société spécialisée en dépollution ETPH continue ses opérations de filtrage et pompage sur la Mellier. “Nous en avons terminé avec la pompe, nous avons retiré le plus gros. Nous avons en revanche placé cette semaine trois skimmers pour filtrer l’eau. Un dans le ruisseau et deux sur le site même d’Infrabel, dans le bassin d’orage et dans la cuve de rétention”, nous confirme Gil Pirlet.

Pour rappel, la pollution a été découverte voici dix jours, le mardi 6 février en fin d’après-midi. Elle fait suite à un vol de cuivre dans quatre anciens transformateurs électriques sur la station d’Infrabel de Marbehan, désactivée depuis 18 mois. Pour s’emparer du cuivre -plusieurs centaines de kilos- les voleurs ont mal intentionnellement vidangé les cuves. Plusieurs milliers de litres d’huile, 17.000 au maximum, se sont déversés sur place et ont percolé en contrebas vers la Mellier. 

Les analyses en cours

La teneur exacte en PCB’s, ces substances hautement toxiques et permanentes, est en cours d’analyse au sein de l’ISSeP. Selon les documents fournis par Infrabel, les deux plus gros transformateurs contenaient 6000 litres d’huile à un taux de 10à15mg/Kg de PCB. Les deux plus petits contenaient 2000 litres d’huile à un taux de 100mg/Kg.


Christophe Thiry