Politique

L’accord de coalition CSV-DP signé au Luxembourg

L’accord de coalition CSV-DP signé au Luxembourg
Photo d'illustration - crédit: ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen
 Publié le jeudi 16 novembre 2023 à 14:09 - Mis à jour le samedi 18 novembre 2023 à 16:27    GDL

Après cinq semaines de négociations, les chrétiens-sociaux du CSV et les libéraux du DP se sont entendus sur un accord de coalition en vue de former le prochain gouvernement du Luxembourg. Les deux partis ont présenté les lignes directrices de ces cinq prochaines années.


Newsletter

Recevez notre newsletter pour ne rien manquer de l'info, du sport et de nos émissions


“Mission accomplie”, a déclaré jeudi matin en conférence de presse le formateur et futur Premier ministre du gouvernement du Luxembourg, Luc Frieden (CSV), juste après la signature du nouvel accord de coalition par le parti chrétien-social (CSV) et le parti libéral (DP).

Cinq semaines après les législatives du 8 octobre dernier, les deux partis politiques sortis vainqueurs des élections sont parvenus à s’entendre sur les lignes directrices de la politique gouvernementale de ces cinq prochaines années. 

Comme le réclamait l’opposition, le CSV et le DP ont accepté de présenter, par souci de transparence, les “éléments-clés” de cet accord en amont de la présentation officielle à la Chambre des députés qui aura lieu lundi.

Priorité sur le pouvoir d’achat

L’accord de 209 pages s’articule autour de “deux points essentiels”, a expliqué Luc Frieden: renforcer le pouvoir d’achat et lutter contre la crise du logement. Deux thèmes qui s’étaient déjà imposés lors de la campagne électorale, les Luxembourgeois n’étant pas épargnés par les conséquences des crises successives de ces dernières années (pandémie de Covid-19, crise énergétique suite à la guerre en Ukraine) et par la hausse des prix du logement.

Luc Frieden a ainsi annoncé en premier lieu des mesures fiscales, dont une adaptation du barème fiscal dès le 1er janvier 2024, afin de “décharger les classes moyennes”. Il a aussi assuré qu’aucune hausse des impôts n’aurait lieu, précisant, s’il en était besoin, qu’il n’y aurait donc pas d’introduction d’un impôt sur les successions en ligne directe (inexistant au Luxembourg) ou d’un impôt sur la fortune, comme le réclamaient les socialistes du LSAP ou les écologistes de déi Gréng.

Augmenter l’offre de logements

Quant au deuxième “point essentiel”, le futur gouvernement veut adopter à court terme des mesures visant à augmenter l’offre de logements. Il s’agit dans un premier temps de lutter contre la crise de la construction qui frappe le pays grâce à des mesures qui “relancent la construction et la vente” sur le marché. Différents outils sont mobilisés en ce sens: l’amortissement accéléré, le taux d’imposition des plus-values sur la vente de logements, le crédit d'impôt ou encore les intérêts débiteurs. Luc Frieden a aussi mentionné la nécessité de simplifier les procédures dans le domaine et d’inclure plus fortement le secteur privé.

Le futur Premier ministre a ensuite abordé d’autres points: le climat et l'environnement (des investissements massifs sont promis dans les énergies renouvelables et dans la mobilité douce), la sécurité (introduction d’une procédure de comparution immédiate et création d’une police communale) ou encore la santé (en insistant sur la nécessité de renforcer le “virage ambulatoire” afin de désengorger les hôpitaux).

Xavier Bettel aux Affaires étrangères

Le futur gouvernement sera composé de quinze ministres. Cinq ministres DP actuellement au gouvernement resteront au sein du prochain exécutif, tandis que huit personnes occuperont un poste de ministre pour la première fois. A noter aussi que, sur les quinze portefeuilles, seulement cinq seront occupés par des femmes.

Comme attendu, le Premier ministre encore en exercice, Xavier Bettel, hérite du poste de vice-Premier ministre et de ministre des Affaires étrangères, mais cumule aussi d’autres portefeuilles, axés eux aussi vers la représentation à l’extérieur du Grand-Duché: celui du Commerce extérieur, de la Coopération au développement et de la Grande Région. De quoi maintenir voire renforcer sa stature et son entregent au niveau international - certains lui prêtent en effet des ambitions européennes -.

L’accord de coalition devra encore être approuvé lundi par le Conseil de gouvernement puis par la Chambre des députés. Cela ouvrira alors la voie pour l’entrée en fonction du nouveau gouvernement. Une formalité, alors que la majorité CSV-DP bénéficie de 35 députés sur 60. “C’est plus que ces dernières années”, n’a pu s’empêcher de remarquer Luc Frieden, la précédente majorité ne reposant que sur un siège. “Une petite majorité est quand même une majorité”, a répliqué le Premier ministre sortant, Xavier Bettel, avant de finalement concéder, peut-être un peu à contre-coeur: “Mais c’est vrai: 35 députés, c’est mieux que 31.”


Pierre Pailler