Environnement

Pollution sur la Mellier : la Wallonie se doit de publier les résultats d’analyses

Pollution sur la Mellier : la Wallonie se doit de publier les résultats d’analyses
 Publié le vendredi 15 mars 2024 à 11:16 - Mis à jour le samedi 16 mars 2024 à 12:09    Habay

Plus de cinq semaines après la pollution aux huiles PCB sur la Mellier à Marbehan, les résultats des analyses des échantillons n’ont toujours pas été divulgués. Les autorités wallonnes se retranchent derrière l’information judiciaire. Bien que le Code wallon de l’environnement leur en donne la possibilité.


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On l’a déjà écrit, les résultats des premières analyses des échantillons d’huiles, eaux et terres, prélevés sur les lieux de la pollution à Marbehan donneront une bonne idée de l’ampleur de la contamination aux PCB. Leur publication apportera réponse à une partie des craintes et interrogations légitimes des riverains, pêcheurs et agriculteurs inquiets des conséquences à court et long terme sur leurs activités professionnelles ou de loisirs, et sur leur santé. 

Las, les autorités wallonnes, la police de l’environnement d’abord, confirmée par la ministre de l’environnement Céline Tellier lors de sa venue à Marbehan ensuite, se sont très vite retranchées derrière le secret de l’instruction, pour refuser de publier les résultats : “Nous ne souhaitons pas prendre le risque d’hypothéquer la procédure judiciaire et laissons le parquet le soin de communiquer”.

La Wallonie se retranche derrière le judiciaire

Il nous revient que la police de l’environnement de Wallonie vient cette semaine de transmettre au parquet les premiers procès-verbaux et annexes portant sur cette affaire. L’épais document, près d’une centaine de pages en tout, reprend les constats et devoirs menés jusqu’à présent autour du déversement des 14 à 17.000 litres d’huiles de transformateurs, et (on le suppose, cinq semaines après les faits) les premiers résultats... Mais le parquet, que nous avons contacté et qui vient tout juste de prendre possession du dossier, se refuse à tout commentaire et ne divulgue “aucun élément de l’enquête relevant de l’information judiciaire”.Pas plus que les résultats des échantillons d’ailleurs, “car ce n’est pas au parquet de les communiquer ou non”.

Questionné sur ce point, non seulement par TV Lux mais aussi par d’autres autorités luxembourgeoises, le magistrat nous renvoie au Code wallon de l’environnement (Décret du 16.03.2006) et à l’article D20.17 précisément  : 

Lorsqu'une autorité publique a connaissance d'une menace imminente pour la santé ou l'environnement, (elle) diffuse le plus rapidement possible (...) toutes les informations qui sont en sa possession et qui sont susceptibles de permettre au public de prendre des mesures pour prévenir ou limiter d'éventuels dommages”. 

Comprenez : en cas de risque pour la population, c’est bien à l’administration ou au gouvernement de communiquer.

Excès de prudence ?

On peut évidemment comprendre la prudence dont fait preuve la Wallonie. L’enquête ne fait que commencer, mais les conséquences écologiques et économiques risquent de peser. Et la question des responsabilités s’annonce très délicate.

Mais en taisant les résultats, les autorités wallonnes n’agissent-elles pas par excès de prudence ?
En quoi l’enquête et l’information judiciaire seraient-elles influencées par le partage des données scientifiques : “Pollué ? Sur quelle profondeur ? Sur combien de km ? A quel pourcentage ?

Les riverains, pêcheurs, éleveurs, agriculteurs, associations et autorités locales sont en droit de savoir le niveau de concentration de ces PCB, sur leurs terres et dans les cours d’eau.
Au regard du Code wallon de l’environnement, leur divulgation relève bien d’une obligation décrétale.
C’est même un devoir de transparence envers les citoyens…


Christophe Thiry