À l’invitation du MR, une centaine d’agriculteurs ont participé à une rencontre avec plusieurs ministres et élus. Bien-être animal, PAC, Ukraine et surtout accord du Mercosur : les échanges ont été courtois, les positions politiques du MR claires, mais un sentiment de fatalisme demeure.

Une bonne centaine d’agriculteurs avaient répondu présent à l’invitation du Mouvement Réformateur pour une soirée consacrée à l’avenir du secteur agricole, à la ferme Fraselle à Neufchâteau. Autour de la table : le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, le député européen Benoît Cassart et la ministre wallonne Anne-Catherine Dalcq. Trois responsables politiques venus écouter les préoccupations du terrain et exposer la position de leur parti sur plusieurs dossiers sensibles.

Les élus MR ont pris le temps de dialoguer directement avec les agriculteurs présents, dans un esprit de proximité. La PAC, la concurrence des importations ukrainiennes et surtout l’accord de libre-échange avec le Mercosur ont animé la plupart des discussions. Les réponses apportées ont permis de clarifier les choses, mais n’ont pas levé toutes les inquiétudes.

« Ils expliquent bien les choses, on sent qu’ils sont de bonne foi », témoigne un participant. « Mais au final, ça ne change pas nos réalités. Je crois que malgré ces belles paroles, le MR sera obligé de signer le traité, même s'il dit le contraire aujourd'hui.» 

La Belgique s'abstiendra 

Car la ligne affichée par le MR est sans ambiguïté : la Wallonie est contre, la Belgique s'abstiendra. Problème : le mécanisme de validation du traité repose sur un vote à la majorité qualifiée au Conseil. Autrement dit, si suffisamment d’États membres disent oui, le traité peut avancer malgré l’opposition de la Belgique, de la France ou de l’Italie par exemple. A ce stade, difficile de prévoir ce qu'il adviendra...

Sur le terrain, les agriculteurs craignent que cet accord devienne bientôt une réalité. Ils mettent une fois encore en garde contre cette concurrence qu’ils jugent déloyale. « Comment voulez-vous qu’on tienne si nos produits sont mis en concurrence avec ceux qui ne respectent pas nos normes ? », lance un éleveur de BBB de la région de Léglise. Les importations venues d’Amérique du Sud, avec des règles de production différentes et des coûts plus faibles, nourrissent un profond sentiment d’injustice.

À la sortie, le constat est partagé

Si les élus ont pris le temps d’expliquer, les incertitudes demeurent. « Ils font ce qu’ils peuvent, mais face à l’Europe, ils n’ont pas toutes les cartes en main », résume un agriculteur. Entre confiance et fatalisme, le monde agricole reste suspendu à une décision qui doit tomber dans les prochains mois.