Ce jeudi 20 novembre, les travaux budgétaires pour l'année 2026 ont débuté au conseil provincial. La trajectoire semble bonne, mais devra être corrigée ultérieurement suite à des décisions prises à d'autres niveaux. Ecolo, lui, évoque une fiction budgétaire.
Un mois après sa confection et envoi à la tutelle, le budget provincial est déjà partiellement dépassé. C'est ce qui ressort de la présentation de la députée provinciale, Coralie Bonnet (Les Engagés), en charge des finances.
Alors que l'exercice était déjà compliqué, avec principalement une augmentation importante du financement de la zone de secours (pour décharger les communes), la majorité provinciale était parvenue à présenter un budget en équilibre, soit:
- Budget ordinaire :
136.249.116 euros avec un boni de 1.687.264 euros - Budget extraordinaire :
13.908.637 euros avec un résultat positif de 563.241 euros
Seulement, voilà depuis l'envoi du budget à la Cour des comptes, la situation a évolué avec de nouvelles informations en provenance de la Région Wallonne. La fin des aides à l'emploi (APE) pour la Province surviendrait en 2026 et non pas 2027, et le Fonds des provinces ne serait plus indexé dès 2026. Budgétairement, ces décisions représentent un manque à gagner de près 1,2 millions d'euros.
Selon Ecolo, qui pointe des rentrées financières importantes liées à la vente des biens provinciaux pour plus de 2 millions, on serait donc virtuellement en déficit et non pas à l'équilibre. "C'est une pure fiction budgétaire" assène Jean-Pierre Wilvers (Ecolo) qui dénonce un manque d'anticipation et de concertation avec les autres niveaux de pouvoir.
Une analyse que réfute Coralie Bonnet, présidente du Collège provincial et députée en charge du budget (Les Engagés). Elle estime que les nouvelles charges seront intégrées lors des modifications budgétaires de février, sans impacter no le personnel, ni l'action provinciale. Elle rappelle que la Province a constitué un bas de laine conséquent, initié par son prédécesseur Bernard Moinet:
"Nous avons pu mettre de côté des montants importants pour financer la zone de secours, pour financer les développements de Vivalia et l'investissement pour le nouvel hôpital, ainsi que pour les risques qui pèsent sur la charge de personnel, que ce soit les pensions, que ce soit des indexations rapides de salaires comme on a connu depuis les années 2022-2023 et donc nous pouvons faire face à cette mauvaise nouvelle d'un peu plus d'un million d'euros rapidement au début de l'année 2026, grâce à ces provisions".
Coralie Bonnet, députée provinciale en charge du budget
La province aura donc les moyens de sa politique, même si des efforts devront encore être consentis, notamment au niveau de la rationalisation de son patrimoine bâti. Des biens immobiliers dans lesquels la Province continue d'investir, au niveau énergétique. Une action saluée par Ecolo, même si ses conseillers estiment qu'il ne s'agit là que de la gestion "en bon père de famille", à une époque où les aides à la rénovation ont été réduites pour le citoyen. Et de cibler les coalitions MR-Engagés, au pouvoir à la Région et au Fédéral.
"Il n'y plus grand chose pour encourager, ou simplement permettre au citoyen lambda de se permettre de rénover leur bâti, qui représente bien plus environnementalement parlant que les quelques bâtiments provinciaux. Venir devant cette assemblée et appeler ça une politique environnementale ambitieuse, c'est au mieux du colibrisme. En réalité c'est d'une hypocrisie sans nom". Jean-Pierre Wilvers, conseiller Ecolo
Voilà pour la pique attendue sur le volet environnemental et ce ne devrait pas être la dernière de cette session budgétaire. Durant les deux prochains jours, les actions provinciales seront analysées, ligne par ligne, dans le budget 2026.
Ce jeudi, le député Stéphan De Mul (PS) nous cite en exemple une action essentielle, où la Province viendra en appui de la Région:
"Il s'agit du dépistage du cancer du sein. On a eu un appel du pied de la Région wallonne qui va subsidier, mais seulement en partie, l'installation de ce service qui permettra d'aller auprès des populations pour dépister le cancer du sein et augmenter le dépistage. Ce sera un investissement de plusieurs centaines de milliers d'euros de la Province de Luxembourg". Stéphan De Mul, député provincial (PS)
La Province en appui des communes
Autre exemple concret, l'aide aux communes, également durement éprouvée par les mesures fédérales et régionales. C'est la fameuse politique de supracommunalité chère à la Province. En charge du service technique provincial, la députée Marie-Eve Hannard (Les Engagés) explique que l'Institution sera aux côtés des communes, notamment en détachant des agents sur matières très spécifiques.
"Notamment en urbanisme, on voit que c'est clairement un besoin urgent, je citerai également l'aide au niveau des services techniques avec trois nouvelles missions. Tout d'abord, un accompagnement pour l'auscultation des voiries, pour vraiment hiérarchiser les travaux à réaliser. Un accompagnement dans le cadre du nouveau système FERI (Fonds extraordinaire régional d’investissement) mis en place par la région Wallonne, et un accompagnement donc pour la gestion des ouvrages d'art, c'est-à-dire des ponts". Marie-Eve-Hannard, députée provinciale
Quelques exemples concrets, mais peu visibles des citoyens. Lors des dernières élections les libéraux leur avaient promis une baisse de la taxation, mais le contexte ne s'y prête plus guère. Un renoncement que le MR espère temporaire.
"On reste quand même la province la plus taxée et pour nous ça ce n'est pas acceptable. Maintenant, on comprend bien que par rapport à ce qui se passe, ça ne va pas être simple. On a différentes structures, dont par exemple TV Lux, mais pas que, qui clairement vont peut-être avoir besoin aussi de subsides de la part de la Province. Et donc, il y a certainement là quelque chose à trouver". Dominique Gillard, député provincial (MR)
En effet, en ces temps de restrictions budgétaires tous azimuts, la province est très demandée. Coralie Bonnet l'a rappelé, il ne se passe désormais plus un jour sans qu'une association ou une structure ne sollicite "un soutien de substitution". La Province va donc devoir faire des choix.