Et si on laissait plus de place à la nature dans nos forêts ?  L’asbl Forêt & Naturalité défend une approche de gestion où une plus grande partie de nos forêts wallonnes seraient laissées en “libre évolution”.

Pour nous expliquer, Sébastien Carbonnelle, fondateur de Forêt et Naturalité, nous emmène en forêt de l'Épine, dans la commune de Bouillon.  Depuis une quinzaine d'années, cette forêt est laissée en libre évolution.  Elle est sous statut de réserve intégrale. "Dans ces zones, les arbres ne sont plus abattus et le bois mort est laissé sur place.  Ce bois mort va se décomposer très lentement et être une source d'habitat et de nourriture pour tout un tas d'organismes.  Cela favorise une grande partie de la biodiversité forestière."

Dans les forêts en libre évolution, telles que les défend Forêt & Naturalité, il n'y a plus d'intervention humaine, plus de plantation et uniquement quelques travaux d'élagage ou d'entretien pour sécuriser un chemin de promenade, par exemple.  "On favorise la régénération naturelle, les cycles de vie complets des arbres, de la graine à l’arbre mort, mais ces forêts restent accessibles au public, bien évidemment."  Nous croisons d'ailleurs de nombreux promeneurs durant notre tournage.

Libre évolution de la forêt et production de bois : des approches complémentaires

L’asbl Forêt et Naturalité plaide pour la création de plus d’espace de régénération de la nature.  "Si on estime que 2% de nos forêts wallonnes (publiques et privées) sont en libre évolution, nous pensons qu'il faudrait atteindre 10% pour préserver la forêt des défis liés au changement climatique, par exemple."

"Libre évolution et production de bois ne s'opposent pas.  On a besoin de bois et il faut que la forêt continue à être productive, mais pour cela nous pensons que protéger des espaces en libre évolution fait partie d'une stratégie pertinente pour renforcer la résilience de la biodiversité.", explique Sébastien Carbonnelle, le fondateur de Forêt et Naturalité.

Selon cette approche, d'autres zones resteraient dédiées à la production de bois.  "C'est une approche complémentaire, confirme Michaël Pontegnie, expert forestier privé.  Il faut accompagner au mieux nos forêts pour protéger à la fois notre patrimoine naturel, mais en même temps produire du bois dans l'intérêt de ce secteur, très important, surtout en province de Luxembourg."

Une récente enquête menée par Forêt et Naturalité, en collaboration avec Gembloux Agro-Bio Tech, révèle d'ailleurs que 76% des Wallons souhaiteraient voir davantage de forêts laissées en libre évolution, c’est-à-dire sans intervention humaine directe.