Henri Schweisthal a l'Orval dans la peau. Ce collectionneur a amassé chez lui à Arlon des centaines de pièces en référence à la bière trappiste, qu'il souhaite partager en ouvrant un musée à Jamoigne. Pour financer les travaux, il met en vente 550 plaques émaillées, signées Jean-Claude Servais.
Chez Henri Schweisthal, l’Orval coule partout.
A peine franchi les portes de son garage, on découvre des piles de casiers en bois. Ici, fabriqués en Gaume, là à Bruxelles, dessinés aux pochoirs ou à la main. “Ceux de couleur orange n’ont jamais servi, c’est la couleur d’origine. Avec le temps et la pluie, les casiers reviennent au brun. Le plus vieux dans ma collection date de 1941”.
L’Arlonais maîtrise son sujet dans les détails : “Ceux-là ont été dessinés avec une truite sur le côté. Ici, traversé par une ligne, là sans. Et sur celui-ci, regardez, la truite ressemble plus à un alevin”, s’amuse-t-il.
De l’autre côté du garage, posée contre le mur, se dévoile un plaque émaillée d’environ deux mètres sur un, “ce n’est qu’une des deux parties, l’autre se trouve derrière”. Derrière ? C’est le capharnaüm. Les casiers en plastique, “attention, chacun est différent”, côtoient d’anciennes bouteilles “je me demande si elles sont encore bonnes… “. On est pris. Suspendu. “Venez, on monte à l’étage !”
Là, dans ce qui un jour a dû servir de bureau, on se dit qu'on n'avait encore rien vu. Des centaines et centaines d’objets. Partout. Des verres, tout d’abord. Beaucoup de verres. D’Orval, évidemment. “J’avais envisagé de me lancer dans la collection de verres trappistes, je me suis vite rendu compte que ce ne serait pas possible. Il y en a trop”. Rien que pour la gaumaise, Henri en compte des centaines. “Le premier verre d’Orval, le voici. C’est un verre tout simple, qui a d’ailleurs été repris par l’Auberge de L’Ange Gardien, mais il n’a pas duré longtemps. La bière moussait trop, les moines ont vite opté pour la forme en calice”. Alignés sur l’étagère, sur l’appui de fenêtre, ou dans une armoire, des verres de différents diamètres de pieds, des calices en cristal produits au Val Saint-Lambert, avec une écriture rouge, en bleu sur fond blanc, en bleu vu de derrière, sans truite, avec la truite, et même numérotés à la date de production “ici en tout petit, on voit l’année : 1996. C’est rare, parce qu’ils ont commencé à inscrire la date en décembre 1996, il y en a donc très peu sur le marché”.
Le collectionneur s’est pris d’une véritable passion, dévorante, pour tout ce qui touche à la trappiste. Intarissable, il semble vivre pour sa collection. “Non, pas MA collection. Orval c’est une collection de collections”, reprend-il en nous montrant le mur. “Ici, ce sont les premières plaques publicitaires. Elles remontent à 1940. Celle-ci en tole. Et cette autre en carton”. Car si les moines maitrisent aussi bien leur recette que la discrétion, ils connaissent tous les rouages de la commercialisation. “Regardez ces camions miniatures, ce sont des petits oblets publicitaires réalisés chez Valentin à Villiers, à l’image des véhicules qui transportaient la bière. C’est en bronze. J’ai réussi à trouver les camions aux diverses étapes de fabrication depuis ce modèle en cire”.
Pas besoin de forcer. Une fois sur le chemin de l’abbaye, on n’arrête plus Henri “j’ai encore ces ouvre-bouteilles, ces dés, ces bagues à cigares, des briquets…”
L'Orval en fûts, avant la mise en bouteille
Henri nous emmène ensuite dans son salon. Le divan est couvert d’ouvrages sur Orval et la bière, les chaises remplies de coupures de presse. On restera debout. “Oui, je garde tout”. Dans un coin de la pièce, un fût en chêne. “Non, non, ça n’a rien d’incongru. Au début les moines n’embouteillaient pas eux-mêmes. Ils conduisaient la bière dans ces fûts en bois jusqu’à Anvers pour l’embouteillage”.
Sur la table, entre deux ouvrages, on aperçoit des plans d’architecte. “Ce sont les plans de rénovation de l’ancienne chapelle du pensionnat à Jamoigne”. L’ancien photographa a racheté ce bâtiment à la commune de Chiny pour y faire son musée. “J’aimerais y exposer toute ma collection”. Ce ne sera pas pour tout de suite. Le bâtiment décrépi doit passer par de lourdes transformations. “C’est plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement. J’espère décrocher des aides du commissariat général au tourisme, mais ça ne suffira pas”. Pour gonfler l’apport privé, Henri Schwestal lance une souscription pour la vente de plaques émaillées signées Jean-Claude Servais. “Il y aura 500 exemplaires, numérotés, vendus à 550 euros”
Une plaque émaillée signée Servais pour financer le musée
La commercialisation d’une tel objet de collection a néanmoins été soumis à l’appréciation de l’abbaye. “J’ai eu l’accord des moines à condition que sur le dessin n’apparaissent ni le nom d’Orval, ni la bière, pour ne pas laisser croire que l’abbaye serait partie prenante au projet”.
Qu’à cela ne tienne, Henri a trouvé la parade “j’y ai inscrit le nom de l’asbl : “Maison des verres d’Orvaux”. Orvaux, avec “vaux” et non “vaulx”. Ni au pluriel, ni en patois gaumais, mais bien en ancien français, “comme le nom gravé sur l’ancienne taque de cheminée en fonte au nom de Don Lambert, abbé d’Orvaux”.
Deux heures durant, de son garage à son salon, Henri Schweisthal m’a emmené sur les traces de la brasserie. Un voyage qu’il espère, demain, partager largement au sein de son musée…
C’est sûr, mon prochain Orval -prochain avec “ain”- aura un goût bien singulier.
Pour commander la plaque numérotée...
"La série est limitée à 500 pièces numérotées en liste fermée, toutes fabriquées à la main dans les ateliers de l’Emaillerie Willems Classics et accompagnées d’un certificat d’authenticité.
Les dimensions de l’émail sont 400 x 600 x 20 mm avec une impression en huit couleurs, tirées par sérigraphies successives directes.
Cet objet de collection est produit en édition limitée et est exclusivement disponible via cette prévente.
Le prix de vente est fixé à 550 euros TTC (hors frais de livraison éventuels).
Somme à verser sur le compte CBC de la Maison des Verres d’Orvaux
code IBAN : BE82 7320 6450 6768
code BIC : CREGBEBB
Avec en communication vos nom, prénom, adresse mail ou adresse postale complète.
La commande sera effective dès la réception du paiement. La date du paiement fait office de l’ordre de réservation ; les réservations après la cinq-centième ne pourront être honorées et seront remboursées.
Livraison : courant du mois d’octobre 2025."
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